
Jeunesse (Les Tourments) : le travail en pleine lumière
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Eté 2011 dans le Sud de la Tunisie. Farès et Meriem sont jeunes, beaux, amoureux, cultivés, riches. Ils sont l'image même du couple bourgeois moderne. Et forment un trio fusionnel avec leur fils Aziz, 9 ans. La chute de Ben Ali, l'instabilité politique conséquente du pays, le chaos généralisé chez le voisin lybien…
Toutes ces réalités sont loin et ne les atteignent pas jusqu'à ce qu'une balle perdue ne fasse voler en éclats leur bulle de bonheur, en blessant gravement l'enfant installé à l'arrière du 4×4, alors qu'ils rentrent d'un week-end heureux en famille. Tout bascule. Il faut une greffe, un donneur. Et les liens du sang vont être mis à l'épreuve. Qui est vraiment le père d'un enfant ? Son père biologique ou celui qui l'a élevé ? Quelle est la place de la mère ?
Ce premier long-métrage tunisien, à mi-chemin entre le drame familial et le thriller socio-politique, pose frontalement, mais avec sobriété, la question de la filiation dans la société tunisienne contemporaine. Encore très traditionnelle, celle-ci ne peut guère envisager des liens de paternité et de maternité autres que biologiques. Et ce, même dans les milieux bourgeois, pourtant considérés, à l'image d'un voisin européen implicitement érigé en modèle, comme plus éclairés sur ces questions.
Affleure, en filigrane, le droit des femmes tunisiennes à une vie libre, à une vie amoureuse, au désir sexuel. Alors que l'essentiel du film se concentre sur le duel intime qui émerge entre les époux, les questions sociales et collectives s'invitent naturellement à la table du conflit. Sans fléchage, sans didactisme, Mehdi M. Barsaoui signe un récit serré et juste, tant sur le plan individuel que collectif. Les ellipses du scénario, ainsi que le jeu puissant et contenu de Sami Bouajila, exacerbent la violence de cette crise intimiste.
Un fils cousine quelque peu avec le premier film de la réalisatrice Hinde Boujemaa, Noura rêve, portrait d'une femme terrorisée par son désir d'émancipation, qui se déroulait dans un milieu beaucoup plus populaire. Mais quelle que soit la classe sociale, la menace, peu ou prou, reste la même : en Tunisie, l'adultère est passible de cinq ans de prison.
La simplicité de la mise en scène et d'une image filmée en lumière naturelle par une caméra à l'épaule souvent proche des protagonistes souligne la solitude des personnages. Et renforce l'enfermement caractéristique d'une société patriarcale ancestrale.
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