À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
PAUVRETÉ

Pauvreté : les jeunes travailleurs et étudiants toujours en première ligne

12 septembre 2025 | Mise à jour le 12 septembre 2025
Par | Photo(s) : BERTRAND GUAY / AFP
Pauvreté : les jeunes travailleurs et étudiants toujours en première ligne

Manifestation à Paris le 18 octobre 2022. Photo Bertrand GUAY / AFP

La 19e édition du baromètre du Secours populaire sur la pauvreté et la précarité montre que le phénomène s’ancre dans la société française. Les jeunes de moins de 35 ans sont particulièrement vulnérables et angoissés quant à l’avenir.

Un Français sur cinq déclare être dans une situation précaire ; Près d'un actif sur trois n'arrive plus à faire face à leurs dépenses avec leur salaire ; 50% des moins de 35 ans ressentent un fort sentiment d'angoisse. Le constat que dresse le Secours populaire dans la 19e édition de son baromètre sur la pauvreté et la précarité est alarmant. « Tous les indicateurs se sont détériorés, révélant une dégradation nette et continue des conditions de vie », constate le Secours populaire, qui cette année fait un focus sur la situation des moins de 35 ans.

Dans le détail, cette précarité grandissante se traduit par des privations, y compris s'agissant de besoins fondamentaux. Près d'un Français sur trois a renoncé à se soigner ; 24% ont sauté un repas alors qu'ils avaient faim ; 19% n'arrivent plus à subvenir aux besoins de ses enfants ; 49% avouent ne pas augmenter le chauffage en cas de froid ; 64% des personnes interrogées disent ne pas pouvoir faire de sorties en famille.

Cette précarité s'accompagne d'un profond sentiment de honte, d'isolement social et génère des effets délétères sur la santé. 49% disent avoir honte de ne pas pouvoir offrir ce qu'ils veulent à leurs enfants. « Depuis 2010, ces privations ont explosé, avec plus de la moitié des français qui déclarent se restreindre sur des choses aussi basiques que se nourrir correctement, se loger ou accéder à un peu de loisirs. Ces privations renvoient à un sentiment profond de dignité et d'atteinte à la dignité. Ce qu'expriment aussi les mouvements sociaux qui ont émergé ces dernières années, tels que les Gilets Jaunes ou Bloquons tout », commente Camille Peugny, sociologue à l'Université Versailles-Saint-Quentin.

67% des parents ont peur que leurs enfants deviennent pauvres

Chez les parents, la peur du déclassement pour les générations futures se diffuse largement. Ainsi, 67% des parents se montrent pessimiste pour leurs enfants et petits-enfants et craignent qu'ils soient victimes de pauvreté. Le sentiment est largement partagé que le quotidien va être plus difficile à l'avenir. « Il y a une vraie spirale du déclassement, désormais très ancrée dans la société française. Comparé à 2010 par exemple, le pourcentage de Françaises et de Français qui déclarent devoir renoncer à des soins a explosé. Ce qui nourrit le sentiment d'une dégradation du modèle de santé, base du contrat social et qui faisait notre fierté. Ce sentiment de déclassement est une forme de poison qui corrompt progressivement la société et grignote le bas des classes moyennes », continue Camille Peugny.

Les jeunes pauvres sont des enfants d’adultes pauvres

Du côté des moins de 35 ans, le quotidien est devenu plus galère et les conditions de vie se sont nettement dégradées. Un jeune sur deux se dit très angoissé face à sa situation actuelle et à son avenir, 22% se disent même désespérés. Plus dans le détail, 73% se disent insatisfaits de leurs conditions d'études. Un tiers des étudiants est contraint de travailler en parallèle de ses études et un jeune sur cinq a du contracter un prêt étudiant. En outre, 71% se disent insatisfaits de leurs conditions de logement ; 68% de sa situation professionnelle. 56% ont rencontré des difficultés pour accéder à des biens culturels et de loisirs ; 49% peinent à s'acheter des vêtements convenables et 48% à manger sainement, contre 29% en 2010. 50% des jeunes se déclarent mécontents de leur niveau de vie, contre 33% en 2010.

Les jeunes qui le peuvent trouvent de l'aide et de la solidarité dans le cercle familial. « Le trou noir des politiques publiques fait qu'on est obligé d'avoir recours aux proches. Ce qui pose la question des inégalités, qui se transmettent avec force entre les générations. Aujourd'hui, les jeunes pauvres sont des enfants d'adultes pauvres », commente encore Camille Peugny. Pour conclure, Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire affirme avec force que « la situation des familles est telle que les personnes concernées sont en manque de tout, et tout d'abord de considération. Elle sont pauvres, mais pas que. Elles sont des humains, avec des aspirations, des désirs et la soif d'être reconnus comme des personnes dignes d'intérêt ». Un discours qui tranche avec celui ressassé jusqu'à la nausée par les réactionnaires sur les prétendus assistés.