Fin des CDI dans les plateformes de livraison ?
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En grève depuis le 7 octobre contre la fermeture brutale du site qui les emploie depuis plus de 20 ans et que la direction compte délocaliser à l'étranger après s'être gavée d'aides publiques liées à la crise sanitaire, les salariés ont décidé de hausser le ton. Et d'organiser, vendredi 15 octobre, leur propre « fashion week » revendicative. Avec pour objectif de mettre sous le feu des projecteurs l'injustice et le cynisme de la firme suédoise dans le traitement de ce conflit social
Cheap-victimes du groupe de « fast-fashion » H&M, les salariés ont décidé de glamouriser leur lutte en la saupoudrant d'une « french touch » bien protestataire : « H&M, menteur », « H&M déloyal », « H&M malhonnête », « On ne lâchera rien », « Non à la fermeture »… Depuis les portes de l'entrepôt logistique d'H&M-GBC – l'unique plateforme logistique de France –, le cortège de grévistes tiré par le ballon CGT 93 a martelé ses slogans et revendications jusqu'au parvis de la mairie du Bourget. Armés de parapluies au sigle de la marque à fringues, les manifestants arboraient des teeshirts estampillés de leurs griefs : « On travaille, ils profitent », « H&M = “Halte au Mépris” » ou encore, « C'est pas les salariés qu'il faut virer, c'est les profits qu'il faut taxer ».
Sous les fenêtres de l'hôtel de ville, un défilé de mode présentant la collection automne-hiver 2021 des revendications salariales (voir vidéo) alterne avec les prises de parole au micro qui dénoncent un « massacre social » orchestré par la direction d'H&M, un PSE sans fondement économique et pêle-mêle, les mensonges et le mépris essuyés depuis des mois de faux dialogue social par les représentants du personnel : « Ils nous annoncent la fermeture du site après nous avoir dit trois semaines plus tôt que tout allait bien et ça, on y croit puisqu'ils ont dégagé 250 millions de bénéfices », fait valoir Gemina de la CGT-H&M. « Mais là, alors qu'on tente d'ouvrir des négociations où ils ne proposent jamais rien, ils invitent tous les salariés volontaires à vider l'entrepôt, c'est à dire à faire le ménage avant d'être virés, honte à H&M ! », dénonce Nadia (CGT-H&M).
Grâce à leur mobilisation, les salariés ont réussi à intéresser les élus locaux à leur cause et à obtenir la tenue d'une réunion, ce vendredi 15 octobre, avec des représentants de H&M et divers élus de la République : le sénateur Vincent Capo-Canellas (ex-maire du Bourget), le maire actuel, Jean-Baptiste Borsali ; le président du conseil départemental, Stéphane Troussel et le député de Seine-Saint-Denis, Jean-Christophe Lagarde. Tous soucieux – ont-ils affirmé – du devenir du site, des emplois et du maintien d'une activité industrielle après le départ de H&M, ils saluent la mobilisation des grévistes et promettent de leur rendre compte du pourparler qui s'engage ce matin-là avec H&M.
Deux heures plus loin, le président du conseil départemental, Stéphane Troussel, annonce qu'un représentant de la délégation interministérielle aux restructurations industrielles de l'État était présent à cette réunion. Un signal positif, à priori, mais qu'il convient de nuancer : « Il nous a surtout rappelé que la loi ne permet pas à l'État de se prononcer sur la motivation économique du groupe H&M ». Argument inacceptable pour l'élu départemental qui a rétorqué que « l'État ne pouvait pas accepter la disparition d'un appareil industriel, surtout au moment où le gouvernement explique qu'il y a de la reprise économique, des milliers d'emplois non pourvus et ce, alors même que H &M a largement profité des aides publiques et réalisé des bénéfices de l'ordre de 250 millions d'euros », a-t-il souligné.
En grève, les H&M Le Bourget refusent de se faire dépouiller
Dans cette même veine, Jean-Christophe Lagarde a qualifié d'absurdes et de cyniques les arguments de H&M pour justifier sa décision de délocaliser l'activité du Bourget. S'agissant du PSE, le député estime, comme les salariés et leurs représentants syndicaux, que le compte n'y est pas. À ce titre, il demande au représentant de l'État de « faire son boulot de flic » en refusant de valider ce plan social. « On leur a rappelé que leur départ ne pourrait se faire sans contreparties sociales, que ce site resterait industriel et que les bénéfices tirés de sa vente devaient d'abord profiter aux salariés, pour leur formation, leur reclassement ou leur reconversion » a-t-il plaidé.
Pour le maire du Bourget, la partie n'est ni gagnée ni perdue et la mobilisation doit continuer : « Votre présence ici a permis de leur faire mesurer la violence de leurs décisions » a souligné l'édile. En réponse aux inquiétudes des salariés qui redoutent la spéculation immobilière et la transformation du site en zone résidentielle, le sénateur Capo-Canellas s'est lui aussi engagé à porter cette exigence de préserver l'activité industrielle. Des questions au gouvernement, à l'Assemblée nationale comme au Sénat, seront d'ailleurs posées dans les jours à venir, a-t-il promis.
Satisfaits des premières retombées de leur mobilisation et requinqués par la séquence « fashion week revendicative », les grévistes ont salué les élus. Et réaffirmé de manière très sonore, sur des airs d'HK et les Saltimbanks, qu'ils ne lâcheraient rien. À bons entendeurs…
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