Hôpital public : un démantèlement programmé ?
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Il est venu, il a vu et ils ont vaincu. Samedi 12 décembre, Philippe Martinez, secrétaire national de la CGT avait fait le déplacement pour soutenir les salariés de la clinique du Pont de Chaume (82) en grève depuis plus de cinquante jours. Une visite programmée qui tombait à pic : le jour même de la présence du secrétaire général sur les lieux de lutte, un protocole d'accord venait d'être signé, mettant – enfin – un terme à ce conflit exceptionnellement long.
C'est que, dans cette affaire, la direction de la clinique privée a joué le pourrissement. Un blocage qui a duré presque deux mois, poussant quatre salariés à faire une grève de la faim sur leur lieu de travail. Mais l'absence de considération, les coups tordus, le mépris du dialogue social n'ont fait que renforcer la détermination des grévistes.
Vendredi, fatigués mais soulagés, les grévistes ont signé un protocole avec la direction qui acte quelques-unes des revendications des salariés : trois embauches d'aides-soignants et une réorganisation des conditions de travail. Pour Christophe Couderc, secrétaire général CGT à la clinique, la signature permet de ressortir « avec des avancées, mais il faudra continuer à se battre au quotidien pour défendre nos droits, nos acquis ».
L'accord scelle aussi « la fin de toutes les grilles de salaires en dessous du SMIC », une évolution des salaires « tous les deux ans » au lieu de huit auparavant, ainsi qu'une « prime de 400 euros », résume Lina Desanti, secrétaire générale de l'union CGT départementale.
Heureux d'être présent « pour fêter la fin de ce long affrontement », Philippe Martinez a tenu à dénoncer le « le poids de plus en plus important du secteur privé dans la santé et le désengagement de l'État ». S'adressant aux grévistes, il a salué cette combativité qui a permis de faire « plier le monde de la finance » : « Votre dignité n'a pas de prix, ce succès vous appartient, il n'y a que ceux qui ne luttent pas qui sont sûrs de perdre. Votre lutte, votre solidarité, votre résistance est un symbole pour le monde du travail, vous avez dit halte à la longue dérive du système de santé, vous avez affronté le Medef et les actionnaires simplement pour avoir les moyens de faire votre travail correctement. Une belle leçon de dignité ! »
Chronologie d'une bataille
2012 : rachat par le groupe Vedici de la clinique du Pont de Chaume. Le début de la fin au niveau climat social.
2012-2015 : en trois ans, l'établissement privé subit trois restructurations : suppression de postes, durcissement des conditions de travail, bas salaires…
Été 2015 : tentative de négociation. La direction propose une augmentation ridicule des salaires : 9 euros pour des salariés payés au SMIC.
22 octobre 2015 : début de la grève suivi par 183 salariés sur 500 soit pratiquement 80 % du personnel soignant.
Automne 2015 : barrages filtrants des salariés à l'entrée de la clinique, occupation du hall de la clinique.
Début décembre : quelque 150 manifestants occupent le hall de l'Agence régionale de santé (ARS) de Toulouse, avant d'être reçus par une délégation de la directrice générale.
Le 5 décembre : la direction (après avoir fait des assignations en justice, refuser de rencontrer le médiateur nommé par le préfet, refuser de négocier) diffuse une note de service avec un document intitulé « Protocole fin de conflit », en expliquant mettre en place de façon unilatérale dès le 1er janvier ce que les salariés grévistes et « les élus de la liste CGT » avaient rejeté comme avancées de la part de la direction.
Le 5 décembre : devant cette mauvaise foi et cette opposition de principe, quatre salariés entament une grève de la faim dans le hall d'accueil de la clinique.
Le 11 décembre : un protocole de fin de conflit est signé entre les grévistes et la direction
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