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PÉNIBILITÉ

Verallia : après le suicide d'un salarié, les conditions pour continuer

31 octobre 2018 | Mise à jour le 1 novembre 2018
Par | Photo(s) : Benoit Decout/REA
Verallia : après le suicide d'un salarié, les conditions pour continuer

Usine Verallia à Chalon-sur-Saône

La production a cessé pendant une semaine à l’usine Verrallia de Chalon-sur-Saône, à la suite du suicide d'un salarié le lundi 22 octobre. Le droit de retrait levé, le travail a repris progressivement le mardi 30 octobre.

« On temporise. » Philippe Girardot reste prudent face aux engagements pris par les directions, générale et locale, du spécialiste de l'emballage en verre. La cellule psychologique et l'enquête diligentée par une délégation paritaire ? « Des procédures légales, associées au droit d'alerte et un dispositif qui n'appelle pas notre confiance. , répond le secrétaire du syndicat de site CGT du Verre Emballage à Chalon-sur-Saône qui précise encore que le CHSCT a obtenu qu'un expert soit également mandaté. » L'ouverture de négociations pour exiger un accord Verallia France d'aménagement de fin de carrière et de reconnaissance de la pénibilité ? « Un effet d'annonce, ajoute-t-il. Le délégué syndical central CGT a épluché l'ordre du jour des prochaines réunions : il est uniquement question de salaire et d'intéressement. Or ces sujets n'ont plus la priorité des salariés qui font passer les conditions de travail et leurs vies avant le pouvoir d'achat. »

Coup de semonce

Le suicide d'un collègue, à son domicile alors qu'il était en arrêt de travail, a changé la donne. Le quinquagénaire venait d'être détaché à l'atelier mécanique, en attente d'un reclassement définitif : la médecine du travail l'avait déclaré inapte à son poste de travail, celui de conducteur de machine au soufflage, tandis que les ressources humaines chalonnaises le jugeait non productif à l'issue d'un entretien. « Il était usé par des conditions de travail extrêmement pénibles et difficiles, rien de plus naturel après un quart de siècle passé dans la chaleur et les horaires, rappelle Philippe Girardot. Au lieu de juger de la rentabilité d'une vie humaine, la direction devait prendre ses responsabilités et chercher, avec l'aide de la médecine du travail, des solutions pour adapter le poste de travail ou trouver une solution de reclassement. » Le ras-le-bol est d'autant plus grand que l'usine de Chalon-sur-Saône enregistre quatre suicides depuis 2012.

Devoir de vigilance

L'ardoise passe mal : le travail des salariés a permis au groupe d'augmenter sa valorisation de 2,3 milliards d'euros en trois ans. Les salariés ont répondu par une grève, assez bien suivi le 23 octobre sur les sept sites de Verallia en France. Outre le dépôt d'un droit de retrait observé par 200 salariés et une inscription sur le registre des dangers graves et imminents, la CGT du site chalonnais a publié un cahier de revendications en faveur de la santé et de la sécurité au travail. Elle se réserve aussi le droit de mobiliser à nouveau à partir de la semaine prochaine. La direction, quant à elle, campe sur ses positions : statu quo quant à ses obligations de sécurité, défiance à l'égard des institutions représentatives et de l'inspection du travail, pression sur les salariés, mépris pour la famille du défunt. « Elle n'a rien annoncé de plus, ni pris aucun engagement lorsque ses représentants ont demandé à nous rencontrer, conclut Philippe Girardot. Aujourd'hui on temporise, mais on ne s'interdit rien. »