
« La bombe était pour Truman un moyen d’affirmer son leadership »
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Clichy-sous-Bois, le 28 octobre 2005. Dans un contexte politique tendu, la mort de deux adolescents enflamme la colère de la jeunesse.
Le 27 octobre 2005, il est 17 heures à Clichy-sous-Bois (93). Une dizaine d'adolescents rentrent d'une partie de football. Un homme travaillant dans le voisinage les soupçonne de préparer un cambriolage sur un chantier et compose le 17. Quand la BAC débarque pour les contrôler, les jeunes paniquent et prennent la fuite. Bouna Traoré, 15 ans, Zyed Benna et Muhittin Altun, 17 ans tous les deux, se réfugient sur le site d'une centrale EDF. Sébastien Gaillemin, l'un des policiers, prononce alors dans sa radio des mots terriblement prémonitoires : « S'ils entrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau. » Peu après 18 heures, Zyed et Bouna meurent électrocutés dans le transformateur. Muhittin s'en sort avec de graves brûlures.
Le climat était alors déjà explosif entre la jeunesse de banlieue et la police, alors que le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, défendait depuis plusieurs mois une politique de « tolérance zéro » et multipliait les sorties médiatiques. Deux jours avant le drame, en visite à Argenteuil, il lançait à une riveraine : « Vous en avez assez de cette bande de racailles ? Eh bien, on va vous en débarrasser », devant les caméras de France 3. Le soir de la mort des deux adolescents, la colère éclate, et des dizaines de jeunes se mobilisent dans plusieurs villes du département pour exprimer leur indignation.
Trois jours après, en plein ramadan, une mosquée de Clichy-sous-Bois est ciblée par un tir de grenade lacrymogène de CRS, ajoutant de l'huile sur un feu déjà ardent. À partir de là, la mobilisation se poursuit quotidiennement, fédérant à chaque fois davantage de jeunes révoltés à travers le pays, dénonçant une institution policière qu'ils estiment raciste et violente. Les images de bâtiments et de voitures incendiés envahissent les journaux télévisés. Le mouvement gagne en intensité jusqu'au 8 novembre, date où le Premier ministre, Dominique de Villepin, décrète l'état d'urgence et muscle encore plus le dispositif policier, ce qui entraînera le déclin progressif de la mobilisation jusqu'à sa fin, dix jours plus tard.
En mai 2015, les deux policiers, dont Stéphane Gaillemin, jugés pour « non-assistance à personne en danger » et « mise en danger délibérée de la vie d'autrui », sont relaxés par le tribunal correctionnel de Rennes, estimant qu'ils « n'avaient pas conscience du danger ». Pour les proches des victimes, le verdict est insoutenable. « Dix ans d'impunité policière ! Dix ans que les policiers se sentent au-dessus des lois ! », déclare Jean-Pierre Mignard, avocat des familles, à l'issue de l'audience. Les morts d'Adama Traoré en 2016 et Nahel Merzouk en 2023, tous deux tués lors de contrôles policiers, feront un triste écho à celles de Zyed et Bouna.
Cet article est tiré d’Ensemble n°39 – Novembre 2025.

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