25 novembre 2016 | Mise à jour le 30 novembre 2016
« Celles et ceux qui défendent leur école, leur outil de travail, leur hôpital, leur retraite ou leur salaire ne sont ni des criminels, ni des délinquants », a affirmé Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT, en préambule de la conférence de presse organisée par la NVO, le 24 novembre, à Montreuil.
L’initiative de notre journal, en partenariat avec le collectif CGT pour les libertés syndicales, avait pour but de mettre en avant l’enquête qui fait la une du mensuel de novembre.
Elle relève au moins cent-cinquante dossiers de discrimination, entrave à l’exercice de l’activité syndicale, criminalisation, répression, remise en cause des hébergements des organisations locales et départementales recensées par la CGT, mais on est sans doute encore loin du compte dans la comptabilité de ces dénis de démocratie.
Dans son intervention, la secrétaire confédérale en charge des libertés syndicales a rappelé que la CGT « combat ces discriminations, cette criminalisation, ces entraves quotidiennes destinées à dissuader les salariés de s’organiser, de contester et de proposer. Cette répression prépare le terrain de la régression sociale. »
Recenser les dénis de démocratie pour les combattre
Pour en mesurer l’ampleur, elle a rappelé qu’en juin dernier le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’Organisation des Nations unies déplorait dans un rapport sur notre pays « les actes de représailles contre les représentants syndicaux signalés ». Ces phénomènes vont donc bien au-delà des quelques dossiers emblématiques. Ils ont pris une ampleur telle que le Défenseur des Droits, Jacques Toubon, a demandé à la CGT de lui en faire état. Confrontée quotidiennement à ces remises en cause des libertés fondamentales, la CGT a entrepris un premier recensement que la NVO a traduit sous la forme d’une carte interactive.
Par ailleurs, face à la remise en cause de quelque vingt-deux bourses du travail en France, Céline Verzeletti a souligné qu’un rapport de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) préconisait, depuis 2013, de « consolider l’usage de la mise à disposition de locaux », pour les syndicats, par les collectivités locales. « Il y a une complémentarité entre les actes de répression et de sanction des militants et les fermetures des bourses du travail », analysait Jean-Albert Guidou, secrétaire général de l’union locale CGT de Bobigny, lors du point de presse.
« Les bourses du travail offrent aux travailleurs, notamment à ceux des petites entreprises, la possibilité de s’informer, de se défendre. Si nous n’avons plus de bourses du travail, ces travailleurs seront démunis » et confrontés à une « violence patronale qui n’a plus de limites », prévenait le dirigeant CGT de Bobigny, dont les locaux ont été menacés par l’équipe municipale de droite en place.
La liberté d'expression menacée
Si le fait syndical est très souvent contesté dans les entreprises, la fonction publique n’est guère plus vertueuse, comme en témoignait Delphine Colin. La dirigeante de la CGT Insertion et Probation a évoqué le cas de Mylène, une élue CGT, travailleuse sociale menacée de révocation par le garde des Sceaux parce qu’elle s’est exprimée dans un article de presse, au sujet de l’injonction qui lui est faite de se transformer en auxiliaire de police pour détecter les prisonniers djihadistes radicalisés. Mylène, qui siège en commission disciplinaire pour défendre ses collègues, se voit donc gravement menacée par une administration qui lui conteste le droit légitime d’exprimer son opinion sur son travail.
Au delà des témoignages militants sur les dockers de Fos et du Havre, sur les salariés du commerce et des services ou encore l’affaire de Philippe Christmann, dirigeant de la CGT Construction, Céline Verzeletti a indiqué que la CGT travaillait à des proposition avec d’autres organisations réunies dans un Observatoire de la répression et de la discrimination syndicales.
Au-delà des témoignages militants sur les dockers de Fos et du Havre, sur les salariés du commerce et des services, ou encore sur l’affaire de Philippe Christmann, dirigeant de la CGT Construction, Céline Verzeletti a indiqué que la CGT travaillait à des propositions avec d’autres organisations, réunies dans un Observatoire de la répression et de la discrimination syndicales. La CGT, FO, la FSU, Solidaires, la CFTC, le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France proposent une série de mesures législatives pour, notamment, « faciliter l'accès à la justice pour les salariés et leurs représentants ; donner plus d'effectivité à la prohibition de la discrimination au travail et assurer l'indemnisation intégrale des victimes ; améliorer la protection des IRP (instances représentatives du personnel, NDLR) et de leur rôle en matière de prévention de la discrimination ».
Céline Verzeletti a précisé, par ailleurs, qu’un manifeste intersyndical (impliquant également les organisations de jeunesse) sur les libertés syndicales était en préparation.
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