Les Bibs de France et de Navarre devant le siège de Michelin
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Près de 200 salariés de l'entreprise creusoise ont fait le déplacement à Paris, le 16 juin, pour soutenir leurs représentants syndicaux CGT-FO qui étaient reçus en cellule de crise à Bercy par Bruno Le Maire. L'objectif : étudier de nouvelles propositions de reprise du site, en redressement judiciaire. Appuyés par le secrétaire de la CGT de la métallurgie, Frédéric Sanchez, et par le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, les GM&S se sont installés avec banderoles, drapeaux, sono et victuailles devant les portes du ministère de l'Économie. L'après-midi promettait d'être long, ils s'y sont préparés. « Nous ne sommes pas que des chiffres », explique l'un d'eux en déployant une banderole sur laquelle figurent les portraits photos des quelque 300 salariés de GM&S, autant d'emplois menacés de destruction en cas de liquidation judiciaire. « Nous sommes une entreprise très performante, un patrimoine industriel plus qu'emblématique, car indispensable à la vitalité du territoire », poursuit ce salarié.
Plus qu'emblématiques, aussi, les deux voiturettes aux couleurs de Renault et de Peugeot que les GM&S ont trimballées jusqu'à Bercy pour les faire circuler sous les baies vitrées du ministère, avec Philippe Martinez aux commandes de l'un des deux engins. Un message clair et très bon enfant, adressé au ministre de l'Économie : « Il suffirait que les deux principaux donneurs d'ordres de GM&S, Renault et Peugeot, augmentent leurs commandes de 10 millions d'euros pour préserver tous les emplois et l'activité du site, au lieu de faire fabriquer les pièces à l'étranger pour les rapatrier ensuite en France », assure Patrick Brun, délégué syndical CGT de GM&S.
Il est 15 heures lorsque la délégation des représentants CGT-FO franchit les portes du ministère. Elle n'en sortira qu'à 17 h 30, mais les visages sont crispés et les regards, inquiets. « L'atmosphère de cette réunion était très tendue, limite menaçante envers les représentants des salariés, en raison de nos méthodes de communication avec la presse, nous a-t-on fait comprendre », déclare d'emblée Yann Augras, secrétaire du syndicat CGT et du comité d'entreprise de GM&S. Le ton est donné. « On ne va pas se mentir, nous n'avons pas obtenu de vraies avancées, il n'y a pas de nouvelles offres de reprise, on reste sur celle de GMD qui nous est clairement imposée », poursuit Yann Augras. S'agissant des 240 emplois à préserver sur les 277 actuels, le ministre n'a apporté aucune garantie qu'ils seront maintenus. De même, s'agissant du supplément de chiffre d'affaires de 10 millions d'euros – condition sine qua non pour maintenir les emplois et le niveau de l'activité – le gouvernement n'a pris aucun engagement. Et pour cause : l'unique repreneur envisagé, GMD, n'a présenté aucun projet industriel, se contentant de confirmer son intérêt pour la reprise de l'entreprise et d'une partie des salariés, 140 maximum. Le tout vaguement assorti d'un investissement de 10 millions d'euros dont on ignore, à ce stade, les mécanismes de financement et leur destination. En outre, l'offre de GMD n'est toujours pas ferme et ne sera précisée au gouvernement que le 20 juin, soit trois jours avant la mise en liquidation judiciaire de l'entreprise par le tribunal de commerce de Poitiers. Il n'y a pas non plus de volonté du gouvernement de prolonger la période d'observation et un refus net de reporter au 30 juin l'audience du 23 juin, au motif qu'il vaut mieux, selon Bruno Le Maire, « régler l'affaire au plus vite », rapporte le syndicaliste.
Autres bémols : il n'existe toujours aucun chiffrage exact du financement du PSE et de la cellule de reclassement. Rien, non plus, au sujet des indemnités supra-légales pour les salariés licenciés. Seule garantie apportée par le gouvernement, des formations pour tous… « Des formations, mais pour quels emplois ? Il n'y en a pas ! », s'agace un salarié. Pour couronner le tout, les deux donneurs d'ordres, Peugeot et Renault, qui représentent 80 % du chiffre d'affaires de GM&S, ne se sont pas présentés à cette réunion. Un message on ne peut plus clair sur les suites qu'ils entendent donner à ce dossier, quoi qu'en dise le ministre de l'Économie lorsqu'il assure, dans son communiqué de presse au sortir de cette réunion, que : « Les constructeurs ont précisé leurs engagements de commandes pluriannuels pour garantir une activité pérenne sur le site ». Mais sans que ces « engagements » ne soient étayés par des chiffres. « Nous sommes déçus », reconnaît Yann Augras devant la presse et les salariés de GM&S. Et d'enchaîner : « Nous savons tous que l'offre de GMD ne garantit pas notre pérennité, comme nous savons tous que si l'entreprise est en difficulté, ce n'est pas la faute des salariés mais des repreneurs successifs qui leur ont été imposés par Renault et Peugeot ».
Les représentants de GM&S ont alors réaffirmé leur credo : pas question, cette fois-ci, que les salariés continuent de payer la mise en place de « patrons-voyous », de « bandits » qui, successivement, se sont engraissés en spéculant sur la paupérisation de l'activité de GM&S sans jamais être inquiétés ni pénalisés pour leurs malversations. Dernière illustration en date, qui fait d'ailleurs l'objet d'une plainte collective des salariés, la fraude aux cotisations de la mutuelle de santé de l'entreprise. Cotisations qui n'étaient plus versées depuis six mois tandis que, tout à sa politique de l'offre, l'État accordait un million d'euros de CICE à GM&S. « Autrement dit, l'argent de nos salaires », s'insurge un salarié en dénonçant le laisser-faire, voire l'accompagnement de l'État dans la perpétuation des telles escroqueries. Bien décidés à ne plus subir ces injustices, les GM&S envisagent de durcir leur mouvement de lutte, ne s'interdisant aucune forme d'action, même au cours de l'été. Sur ce plan, l'imagination est au pouvoir et ne faiblira pas : « Cette bataille n'est pas terminée et même après la fermeture du site, elle ne s'arrêtera pas, nous ne lâcherons rien ! »
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