Grand prix du jury au Festival de Cannes 2017, 120 battements par minute est un film éminemment politique. Qui rappelle qu'au début des années 1990, pour les personnes séropositives ou malades du sida, être invisible, inactif et silencieux, c'était mourir une seconde fois. En 1992 – trois ans après la création d'Act Up Paris – Robin Campillo, réalisateur de ce film juste et bouleversant, rejoint l'association.
Act Up Paris va libérer la parole de la communauté homosexuelle puis, au-delà, de celles et ceux qui ont pris conscience de l'inertie coupable des pouvoirs publics, des laboratoires… et de la société dans son ensemble. Nous sommes avant que les nouvelles technologies ne facilitent la communication, notamment pour l'organisation d'actions éclairs, et c'est chaque semaine que se réunissent et débattent celles et ceux qui se sentent concernés par ce fléau. Au cœur de l'action militante, fleurit l'idylle entre Sean (époustouflant Nahuel Pérez Biscayart) et Nathan (Arnaud Valois), un amour vécu jusqu'au bout dans l'urgence. Rappelons que si les trithérapies, arrivées en 1996, ont amélioré la qualité de vie des malades, elles ne les guérissent pas et n'empêchent ni la stigmatisation ni la discrimination, toujours actuelles, alors que la sensibilisation est en chute libre.
120 battements par minute retrace, sans pathos ni voyeurisme, la vie et la mort de personnes dans la fleur de l'âge et leur combat acharné pour briser, par un engagement collectif aujourd'hui bien affaibli, un mur de silence et d'hypocrisie qui est loin d'avoir été entièrement abattu…
120 battements par minuteDe Robin Campillo, 2 h 20.
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