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Fable jupitérienne

Isabelle Avran
9 octobre 2017 | Mise à jour le 9 octobre 2017
Par | Rédactrice en chef adjointe de la NVO
Démocratie et mépris de classe font rarement bon ménage. Emmanuel Macron ne cesse d'en témoigner. Opposant « des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien» ou dénigrant depuis Bucarest ou Athènes les Français fainéants qui détesteraient les réformes, le locataire de l'Élysée croit peut-être que l'arrogance jupitérienne vaut sentence définitive.

Laquelle autoriserait à imposer aux gens qui ne sont rien une avalanche de mesures dont ceux qui ont réussi ne sentent pas la morsure.

Hausse de la CSG, baisse des APL, suppression brutale de milliers d'emplois aidés, réduction des dépenses publiques… et redistribution aux plus nantis via la suppression de l'impôt sur la fortune. Même si, généreusement, le gouvernement se dit «ouvert à la discussion» sur l'imposition des produits de luxe. Le président de la République rappelle ainsi qu'aux ambitieux, la concupiscence n'attend pas le nombre des années. Et que pour ceux-là, réformer ne signifie rien d'autre qu'accentuer sans retenue les réformes les plus libérales de leurs prédécesseurs.

Emmanuel Macron puise aussi dans les formules de ses aînés pour attribuer une légitimité démocratique à son rouleau compresseur. À son tour, il affirme, depuis Washington cette fois, qu'il ne cédera pas à la rue, car la rue, ce ne serait pas la démocratie. Pourtant, si la rue ne résume pas la démocratie, restreindre celle-ci à la seule élection présidentielle – quelles qu'en soient, en outre, les conditions – révèle une dangereuse conception du pouvoir, qui évacue le débat, l'expression publique des colères, des propositions ou des exigences citoyennes. Cette même conception qui préside aux ordonnances sur le droit du travail, renforçant l'asymétrie des pouvoirs entre patronat et salariés. Devant cette imposture, Jupiter imaginait-il réellement que nous marcherions ?