17 février 2018 | Mise à jour le 16 février 2018
Trop, c'est trop. Bruno vient d'être licencié. Son usine a fermé pendant la mobilisation contre la loi Travail, malgré la lutte des salariés. Alors Bruno va partir en vrille, et il ne sera pas le seul… Non, film malpoli et dérangeant, lorgne du côté du Louise-Michel de Gustave Kervern et Benoît Delépine.
Ouvrant sur un long plan-séquence, Non nous plonge au cœur d'une fête bien amère. Les ouvriers de l'usine Radial, qui vient de fermer, s'y retrouvent avec leurs proches pour un modeste buffet qu'on devine organisé avec leurs indemnités de licenciement. Parmi eux, Bruno, la quarantaine, venu avec sa compagne et ses trois gosses. Entre colère et tentative de partager encore un peu de chaleur humaine, Bruno boit trop, fume un pétard et, malgré cela, prend le volant avec sa famille pour rentrer chez eux, en soirée.
Appuyant un peu trop sur le champignon, Bruno est arrêté par une gendarme et refuse, d'un « non » retentissant, de se soumettre à l'injonction de descendre de voiture. L'incident dégénère lorsque la représentante de la loi essaie de contraindre Bruno, qui se rebiffe violemment.
De ce qui pourrait être traité avec le réalisme d'un fait divers on ne peut plus banal, la troupe du Petit Théâtre de Pain, sise à Capdenac (Lot), fait un ovni assez déjanté.
Film fauché que l'on devine tourné dans un bel élan solidaire par toute la communauté, Non oscille entre scènes au burlesque outré – qui ne sont pas sans évoquer le cinéma de Gustave Kerven et Benoît Delépine –, scènes oniriques, comme vues par les yeux d'un Bruno pas dégrisé, et situations plus familières – notamment lorsque la compagne de Bruno tente de sortir son homme de ce mauvais pas.
Ximun Fuchs (qui incarne Bruno) et Eñaut Castagnet signent un premier film un peu trop théâtral et parfois caricatural, résolument loufoque et très en colère, où chacun des protagonistes va passer par un moment de dinguerie où il va mordre le trait.
Mais au-delà de la forme, le fond de la question demeure : jusqu'à quand, devant l'injustice, les inégalités et la répression, accepterons-nous de résister à une très grosse envie de dire Non ?