Mégabassines : une répression hors-norme
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Au petit matin du 10 septembre 2018, les habitants de Kolbsheim, un village du Bas-Rhin farouchement opposé au projet de grand contournement de Strasbourg par l'ouest (GCO), s'étaient rassemblés sur la zone à défendre (ZAD), un campement sur le tracé de la future autoroute. Ils espéraient, par leur seule présence, empêcher le déboisage de la zone.
« Cinq cents gardes mobiles sont arrivés pour nous chasser. Des élus et des personnes âgées ont été gazés, fulmine le maire Dany Karcher qui, de rage, a brûlé son écharpe tricolore. Si au moins ce projet était utile aux Strasbourgeois, mais ils mentent en disant que ça va désengorger la métropole. » Au fil des années, le collectif GCO Non merci a vu se coaliser gens des villages, élus, pasteurs, associations et agriculteurs ; jusqu'à l'UD CGT du Bas-Rhin qui a pris position contre le contournement autoroutier.
« Les commissions environnementales ont donné sept avis défavorables au projet. Des forêts vont être rasées, le contournement va traverser une zone humide peuplée d'espèces menacées, déplore Jacky Wagner, secrétaire de l'UD CGT. Et à 5 euros le péage pour faire 24 km, les smicards ne pourront même pas emprunter cette autoroute. Il n'y a que Vinci qui va se faire des couilles en or ».
54 % des emplois du Bas-Rhin sont situés à Strasbourg, avec d'importants mouvements pendulaires d'est en ouest, en direction de la métropole. Les élus qui soutiennent le projet promettent qu'il désengorgera la ville de ses bouchons et diminuera la pollution. Faux, estime l'association environnementale Alsace Nature, pour qui ce grand corridor vise en réalité à favoriser le trafic européen de poids lourds à travers la plaine du Rhin.
« L'Allemagne a mis en place une taxe sur les poids lourds afin de transférer le transport de marchandises de la route vers le rail. Avec le GCO, tous les véhicules les plus polluants venus du nord de l'Europe vont être incités à basculer côté alsacien. On va ouvrir un véritable robinet à poids lourds », estime Maurice Wintz, vice-président de l'association. Le collectif met en cause la courte vue de la chambre de commerce et d'industrie qui a déployé un intense lobbying en faveur des travaux.
« Le président et le vice-président sont tous deux à la tête d'entreprises du BTP… », souligne Benoît Imbs, membre de l'association Les Fédinois contre le GCO, 250 élus de la région, suivis par 200 universitaires et 75 scientifiques, ont signé un appel pour exiger un moratoire sur ce projet qui constitue un « non-sens » sur le plan de l'écologie et de l'aménagement du territoire.
De son côté, GCO Non merci a élaboré des propositions afin d'apporter des solutions d'intermodalités qui diminueraient les bouchons à Strasbourg (parc de stationnement relais près des tramways, offres de transport en commun, écotaxe sur les poids lourds…). Tant que le béton n'aura pas coulé, les opposants y croiront toujours.
Article paru dans le numéro 114 de janvier 2019 d’Ensemble !, le mensuel des adhérents de la CGT.
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