28 mai 2020 | Mise à jour le 28 mai 2020
Les associations s'alarment du bond des demandes d'aide alimentaire depuis le début du confinement. Une intersyndicale réclame un plan d'urgence au-delà des versements ponctuels débloqués par le gouvernement.
À l'université Paris 8 de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, comme dans d'autres établissements, des bénévoles du Secours populaire distribuent des colis alimentaires et des kits d'hygiène à une centaine d'étudiants. Depuis la perte de leurs petits boulots, ces derniers comptent parmi les plus fragilisés par la crise sanitaire et sociale, à l'instar des privés d'emploi, des saisonniers ou encore des restaurateurs.
« On a vu arriver dans nos antennes des auto-entrepreneurs, des artisans… Des gens qui étaient jusque-là sur le fil du rasoir, mais s'en sortaient », observe Sébastien Thollot, secrétaire général du Secours populaire, qui s'alarme du niveau inédit atteint par la précarité. Jusqu'à 45 % des 1,27 million de personnes aidées depuis le début du confinement n'étaient pas connus de l'association. La Fédération européenne des banques alimentaires (Feba) estime entre 20 et 25 % la hausse de la demande d'aide alimentaire en France.
Une baisse d’activité, des revenus et une hausse des dépenses
Si tant de personnes ont dû s'en remettre aux associations, c'est que la baisse de leurs revenus a coïncidé avec un bond des dépenses. « L'arrêt des cantines a été dramatique, notamment pour les familles monoparentales, comme celui des restos U, explique Sébastien Thollot. Le coût des repas n'est plus du tout le même, surtout que les prix des produits de base ont augmenté. » Le Secours populaire doit faire face à cette demande alors que ses propres ressources sont fragilisées par la suspension des collectes.
Le gouvernement a annoncé le versement, le 15 mai, de 150 euros d'aide aux allocataires du RSA ou de l'ASS, en plus de 100 euros par enfant à charge accordés aussi aux bénéficiaires des APL. Mais ce soutien ponctuel ne suffit pas à répondre aux besoins, estime une intersyndicale CGT, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, Unef et UNL. « La paupérisation monte fort, notamment dans les quartiers populaires, et impose de prendre des initiatives d'urgence », plaide Boris Plazzi, membre de la direction confédérale de la CGT. Au-delà des aides sociales et alimentaires, l'intersyndicale demande une revalorisation des carrières des filières féminisées, des minima sociaux et des salaires, ou encore le gel des loyers et des crédits.
Indemniser tous les privés d'emploi
Les revendications portent aussi sur « l'indemnisation de tous les privés d'emploi y compris ceux et celles qui n'ont pas droit aujourd'hui au chômage partiel » parce qu'ils sont contractuels, en CDD ou encore en intérim, annonce le communiqué. Le nombre des inscrits à Pôle emploi sans aucune activité a enregistré une hausse spectaculaire de 7% en mars, alors que la réforme de l'assurance-chômage – dont le premier volet s'applique depuis novembre et le second le sera au 1er septembre – commence à produire ses effets.
L'intersyndicale demande son retrait. « Elle baisse, voire supprime, le montant des allocations, mais aussi la durée d'indemnisation, alerte Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle. Avec elle, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui s'enfoncent dans la pauvreté, et la crise sanitaire amplifie encore ses effets. »