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PÉTROCHIMIE

À Total Grandpuits, la reconversion passe par des suppressions d’emplois

6 octobre 2020 | Mise à jour le 6 octobre 2020
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À Total Grandpuits, la reconversion passe par des suppressions d’emplois

La reconversion annoncée de la plateforme de raffinage de Grandpuits (77) en « biostructure » de premier plan par la direction de Total ne se fera pas sans conséquences sur l'emploi, voire la vie de la région… Les salariés se mobilisent et mettent en question la fable d'une reconversion écologique.

« Le compte n'y est pas en termes d'emplois », assure David Picoron, délégué syndical CGT à la raffinerie Total de Grandpuits, en Seine-et-Marne. Malgré les promesses de « redéploiement industriel responsable sans aucun licenciement », faites par la direction le 24 septembre, lors de l'annonce de la reconversion à l'horizon 2024 de cette raffinerie en « plateforme zéro pétrole de biocarburants et bioplastiques », grâce à un « investissement de plus de 500 millions d'euros », la restructuration envisagée « génère quand même 200 suppressions d'emplois Total », dénonce le syndicaliste.

Des chiffres controversés

« Total prend un chiffre de 400 salariés Total. Or, ce chiffre ne comptabilise que les CDI. On n'a pas commencé à négocier que, déjà, on part avec une soixantaine de postes – CDD, intérimaires, contrats en alternance ou de professionnalisation – qui ne sont pas dans l'effectif de départ. Total nous vendant une usine à 250 emplois maintenus, ce n'est donc pas la même chose si l'on prend leur chiffre, 400, ou le notre, qui est de 459 », ne peut que constater David.

« Pareil pour l'impact sur les sous-traitants. Total se couvre derrière un chiffre de 300 salariés d'entreprises extérieures sur la plateforme. Là encore, ils ne prennent que les CDI en contrat à l'année. Mais si l'on compte le nombre d'heures annuelles de travail réalisées par ces entreprises, sur un « run » de sept ans [les raffineries s'arrêtent tous les sept ans pour des opérations de contrôle, N.D.L.R.], ce n'est pas 300 emplois équivalents temps plein que l'on a sur la plateforme, c'est 800 ! Et lorsque l'outil sera reconverti, il n'y en aura plus que 200. Soit un delta de 600 emplois sur le bassin direct. » Et donc, au final, quelque 800 emplois affectés sur la plateforme.

Un territoire touché

Les salariés ne seront d'ailleurs pas les seuls concernés. « L'onde de choc va être sévère dans les communes alentour où un salarié Total génère entre cinq et sept emplois directs et induits », prévient le responsable syndical. « Cela peut entraîner la fermeture de classes, par exemple, ou celle de petits commerces de proximité… »

Fable écologique

« Total veut s'acheter une image “verte, bio”, mais, à aucun moment, on est dans une transition responsable, que ce soit humainement ou pour le consommateur », dénonce David, qui ironise sur « ce que fait Total à l'étranger », et le fait, qu'avec la fin de la production à Grandpuits, « les importations vont augmenter encore un peu plus ». Bref, pas vraiment écolo.

Reste un « greenwashing » – action qui consiste à se parer de vertus écologiques à des fins commerciales – aux conséquences brutales pour les salariés, invités par la CGT « à aller faire entendre leur voix devant la tour Total sur le parvis de La Défense [siège social du groupe, dans les Hauts-de-Seine, N.D.L.R.], lors du CSEC [comité sociale et économique central] qui se déroulera mardi 6 octobre ».

Un appel auquel ceux de Grandpuits ne seront sans doute pas les seuls à répondre. « D'autres salariés de la branche pourraient nous rejoindre », annonce David Picoron.

« La raffinerie de Donges [en Loire-Atlantique, N.D.L.R.] est aussi en plein PSE, et les camarades d’Hutchinson, qui est une filiale de Total, subissent également une casse sociale. À chaque fois que Total met de l'argent sur la table, cela se fait sur le dos de l'emploi », conclut, amer, le délégué  CGT de Grandpuits.

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