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Court-termisme et courtes vues

Frédéric Dayan
3 février 2021 | Mise à jour le 3 février 2021
Par

L’hypothèse d’un troisième confinement ne cesse d'être débattue et elle le sera encore durant ces prochains jours depuis les annonces du Premier ministre venu nous annoncer que le Chef de l'État avait in extremis repoussé cette échéance. Au risque de se fâcher avec les médecins et les scientifiques, Emmanuel Macron a donc pris une décision politique . Et s’il l’a fait c’est parce qu'un troisième confinement imposé à une population qui n'en peut plus, dont les jeunes sont en souffrance, serait sans doute socialement difficilement supportable, quoi qu'en disent les sondages. Parce que les citoyens n'en peuvent plus d'être privés de liberté et de n'avoir aucun horizon ou perspectives. Parce qu'ils ne sont pas prêts à se reconfiner sans demander des comptes à un gouvernement qui, à chaque étape de cette pandémie, a échoué à les protéger. L'étape actuelle ouverte avec la vaccination n'échappe pas à la règle. Chacun peut se demander ce qu'il ferait s'il ou elle était aux affaires en pareil cas. Il ne suffit plus de nous dire « on fait tout ce qu'on peut » pour être dédouanés de toute responsabilité, il faut une vraie rupture avec les choix économiques, sociaux et politiques qui nous ont amené cette crise sanitaire et sociale.

Cette pandémie est en effet d'abord l'impasse du libéralisme économique. Un système économique et politique qui a fragilisé au nom du profit immédiat et de la réduction des dépenses publiques tous les services de santé, les potentiels de recherche publique comme privée comme on le voit chez Sanofi. En France, la recherche comme la production de vaccins ont été sacrifiées sur l’autel des profits à court terme. Depuis le début, tout ce qui nous est imposé, l'est à cause de « pénurie ».  On dit que « gouverner, c'est prévoir« , mais que peut-on prévoir à l'horizon de la micro seconde d'un placement boursier ? Hélas, le court-termisme s'accommode parfaitement de courtes vues. Et si ce ce gouvernement n’est pas coupable de la pandémie, il porte la responsabilité de ne pas se donner vraies marges de manœuvre pour y faire face. Sa politique néolibérale ne peut que nous conduire à être ballotés, chahutés par des impondérables, des accidents, des catastrophes. Et si c'est vrai pour la santé, ça l'est aussi pour l'environnement et le réchauffement climatique. Cette politique nous fragilise car elle nous prive du meilleur de ce que les sciences et techniques, de ce que la connaissance pourraient nous apporter.

La progression de l'épidémie, l'arrivée de trois variants plus contagieux interviennent au moment où justement l'humanité pourrait disposer de plusieurs vaccins. Mais ces vaccins sont au main du marché alors que leurs développements ont été permis grâce aux milliards d'euros ou de dollars avancés par les Nations les plus riches et ils ne bénéficient qu'à une dizaine d'États dont plusieurs européens qui concentrent 95 % des individus vaccinés.

Guerre au virus quoi qu'il en coûte ? Vraiment ? Alors plutôt que de jouer avec les nerfs et la santé des populations, les États, l'Europe devraient mettre ces vaccins dans le domaine public. Des voix se lèvent aujourd'hui pour nous dire que nous allons devoir vivre longtemps avec ce virus qui ne va pas se contenter de faire un tour du globe et disparaître. Les vaccins restent les seules options… Et ce qu'il en coûtera n'est rien comparé à ce qui nous sera épargné.