2 septembre 2021 | Mise à jour le 2 septembre 2021
En 2019, les Galeries Lafayette ont fait passer 22 de leurs magasins sous le giron d'Hermione. Au passage, pertes d'emplois et disparition de droits sociaux pour les salariés. Fin août 2021, bis repetita, le groupe annonce 11 nouvelles cessions de magasins à 3 repreneurs.
C'est une très mauvaise surprise qui attendait les salariés des Galeries Lafayette à leur retour de congés fin août. Viviane Cadirol, déléguée syndicale centrale CGT est à peine rentrée au magasin de Paris Haussmann, qu'elle est prise dans la tourmente. Sa direction veut mettre en place un plan concernant 889 salariés de la société répartis sur 11 magasins, lesquels passeraient sous la tutelle de trois groupes différents. « La direction a décidé qu'il fallait parvenir un accord en trois demi-journées ; le 31 août, le 1er et le 2 septembre. On va se réunir en urgence avec toutes les autres organisations syndicales, un expert et un avocat. Faire ça en trois demi-journées, c'est choquant et les salariés sont dépités. On va dire à la direction que pour la CGT, il est hors de question de bâcler un accord de cette manière. S'il faut aller plus loin que les communiqués à la presse, on n'hésitera pas parce que là, ce n'est pas possible ! Ils ont déjà programmé de nous vendre comme du bétail pour 20 octobre 2021, date qu'ils programment pour le recueil d'avis du CSE. Mais, ça il n'en est pas question. »
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Dans le détail, le plan de la direction concerne les magasins de Dijon, Angers, Grenoble, Le Mans, Limoges, Orléans et Reims qui seraient cédés à SMG (la Société des Grands Magasins). Le magasin d'Avignon rejoindrait celui de Béziers, cédé à Philippe Sempéré et Nicolas Chambon (GF). Enfin, les magasins de Rosny, Pau, Tours et l'outlet de Coquelles passeraient sous le giron de Hermione People & Bands.
Chat échaudé…
C'est la même société Hermione (filiale de la FIB), à laquelle 22 magasins Galeries Lafayette avaient été affiliés en 2019. À l'époque, cela c'était accompagné d'un accord qui garantissait de ne rien changer aux conditions sociales des salariés, mais ce n'est pas du tout ce qu'il s'est passé explique Amel Ketfi, secrétaire de la fédération CGT Commerce & Services : « Le diable se cache dans les détails et pourtant, on avait averti nos camarades sur cet accord qui comportait de faux engagements, rappelle Amel. Sur le papier, c'était parfait, il y avait l'engagement de maintenir tous les acquis de MGL (magasins Galerie Lafayette), ils étaient rassurés. Mais une fois le basculement opéré, on s'est aperçu que des éléments sous condition dans l'accord permettaient à l'employeur de dénoncer tous les accords. Or l'employeur s'est arrangé pour réunir ces conditions. Ensuite, un par un tous les accords MGL ont été démontés ; remise en cause des primes, du treizième mois, l'organisation du travail avec passage à la modulation… Ça a été extrêmement sournois, car la signature de l'accord maintenant les garanties a été suivie de l'embauche d'une poignée de salariés, pour la plupart cadres, en nombre toutefois suffisant pour avoir un CSE. Et c'est avec ce petit groupe, juste avant l'intégration de l'ensemble des salariés qu'un paquet d'accords a été signé. Or ces accords sont valides et opposables à tous les salariés intégrant l'entreprise. Nos élus CGT n'ont donc pas pu s'y opposer. »
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De fait, s'il n'y a pas eu de plans de suppressions d'emplois à proprement parler, de nombreux départs ont eu lieu par écrémage et du fait des conditions de travail qui étaient devenues insupportables avec aussi la crise sanitaire. Aujourd'hui, alors que la crise du Covid est toujours d'actualité, les Galeries Lafayette entament une deuxième phase de ce que la CGT commerce estime être un moyen scandaleux pour profiter de la pandémie et réaliser des profits au détriment des salariés.