22 mars 2023 | Mise à jour le 23 mars 2023
Par
Christine Morel
| Photo(s) : Alain Pitton / NurPhoto / NurPhoto via AFP
Ce 23 mars, pour la neuvième journée de grèves et de manifestations, la CGT appelle toute la population à participer à un « raz de marée » des mobilisations. Entretien avec Thomas Vacheron, membre de la direction confédérale de la CGT en charge du dossier des retraites.
Sur France 2 Emmanuel Macron a affirmé qu'« aucune force syndicale n'a proposé de compromis » sur le texte de la réforme des retraites. Quelle réaction suscite cette affirmation ?
Une telle affirmation est strictement honteuse. D'un côté, Emmanuel Macron parle de la main tendue aux syndicats et du fait de renouer avec eux, de l'autre, il refuse d'entendre leur revendication qui est de suspendre le projet. Or, celui-ci est perçu comme régressif par la totalité des organisations syndicales, par l'écrasante majorité de la population et par 94% des salariés… Le seul moyen d'apaiser la situation et de tendre vraiment la main aux syndicats ce serait d'abord de suspendre et de retirer le projet de réforme des retraites. Quant aux propositions alternatives, les organisations syndicales en ont fait beaucoup comme par exemple d'améliorer les minimums des pensions pour qu'il n'y ait pas de retraite en dessous du SMIC etc. De toute façon aucune n'a été entendue.
Quelle est l'utilité de continuer à manifester contre la réforme des retraites sachant que la loi est adoptée ?
La seule chose que Macron va comprendre c'est l'amplification des mobilisations. Il faut continuer ce que nous avons commencé à faire le 7 mars en passant de « la France à l'arrêt » au « raz de marée » avec la manifestation de demain, 23 mars. Les grèves reconductibles sont d'ailleurs en train de se pérenniser, que ce soit dans les raffineries, chez les éboueurs ou encore chez les cheminots et plus généralement dans les transports. Nous invitons d'ailleurs toute la population à participer à ce « raz de marée » car nous sommes à quelques jours de grève du retrait de la réforme et donc de la victoire.
La conflictualité sociale est montée d'un cran depuis le 49-3 et la répression policière avec. Qu'en dit la CGT ?
La CGT s'associe à ce qu'en dit par exemple Amnesty International et nous le résumons de la sorte : plus le président de la République est minoritaire, plus il est autoritaire. Nous sommes scandalisés par la situation car concernant les agissements de la police, les ordres viennent bien du ministère de l'intérieur. Et nous en connaissons quelque chose à la CGT parce que la pression contre les manifestants et le droit de manifester s'exerce également contre le droit de grève. Je pense en particulier à nos camarades de l'ex-fonderie SAM dans l'Aveyron qui ont été condamnés pour le simple fait d'avoir défendu leurs emplois. Il y a donc bien un lien entre la répression des manifestations et la répression syndicale dans les entreprises.
Emmanuel Macron a quand même comparé les débordements de ces derniers jours avec ce qui s'était produit aux États-Unis et au Brésil…
47 -1, 44-2, 49-3, c'est le loto anti-démocratique de la Ve République ! C'est-à-dire que l'exécutif a utilisé tout ce qu'il y avait de moins démocratique dans la constitution pour faire passer en force son projet. Nous avions prévenu que ne pas écouter la population et gouverner contre elle, finirait par allumer le feu. Et aujourd'hui, à la télévision, le président de la République s'est effectivement permis de comparer les manifestants à des factieux et à l'extrême droite qui marchait sur le Capitole à Washington ! C'est déformer la réalité, mentir et là aussi jouer avec le pire de ce qui existe. C'est un président pyromane. Donc, pour éteindre le feu et apaiser, il faut que nous le fassions reculer pour qu'il retire son projet de réforme des retraites. Pour cela nous devons être massivement en manifestation et en grève jeudi 23 mars.