Trump de retour, quelles conséquences ?
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« Obligé de bosser sous la pluie ? Syndique-toi ! » Costume trempé, Rishy Sunak n'a pas sa tête des bons jours sur la photo publiée le 22 mai sur le compte X (ex Twitter) du Trades Union Congress (TUC). Pour afficher son soutien à la gauche travailliste et ironiser sur la figure repoussoir de l’ex Premier ministre conservateur, l'organisation syndicale (plus de 5 millions d'adhérents) n'a pas ménagé sa peine au cours de la campagne des législatives. Rasséréné par la victoire historique du Labour Party au soir du 4 juillet, 410 sièges sur 650 remportés à la Chambre des communes, soit la majorité absolue, le TUC a récidivé sur X, en évoquant la figure de l'ex éphémère première ministre Liz Truss qui vient de perdre son siège de députée : « Les syndicats se battent pour ceux qui sont injustement licenciés, ce n'est pas son cas ».
Sur un ton plus solennel, son secrétaire général Paul Nowak, s'est, quant à lui, réjoui dans une vidéo adressée à ses adhérents : « les votes sont clairs, le Labour a remporté une très large victoire, nous avons désormais une chance historique de combattre la précarité d'améliorer les conditions de travail pour tout le monde, d'augmenter les salaires et les niveaux de vie, et de réparer nos services publics en miettes. Au TUC, nous sommes prêts à retrousser nos manches afin d'aider le nouveau gouvernement à opérer le changement dont nous avons tant besoin. Après 14 ans de déclin de notre pays, c'est une occasion unique ». Même son de cloche chez Unite (secteur privé), la plus importante organisation syndicale du Royaume-Uni et d'Irlande, affiliée au TUC, s'est aussi engagée en faveur des Travaillistes durant la campagne : « nous avons besoin d'investissement pour nos industries, notre système de soins (le National Heath System, NHS, NDLR) et nos services publics », a insisté sa secrétaire générale Sharon Graham, après la proclamation des résultats.
« On a assisté ces dernières années même si cela n'est pas nouveau à un lent mouvement d'accroissement des inégalités, de dégradation des services publics, d'explosion de la pauvreté. Quant au NHS, il est en perdition, plus de sept millions de personnes sont sur liste d'attente pour un rendez-vous médical », souligne Jacques Freyssinet, chercheur associé à l'Ires. Pour l'expert, la question du droit du travail aura également été un enjeu majeur de la campagne. Les syndicats seront ainsi très attentifs aux engagements des Travaillistes notamment sur la question de très précaires contrats zéro heure qui prévoient que l'employeur ne mentionne aucune indication de durée minimum de travail. Le salarié étant rémunéré uniquement pour les heures travaillées, et devant être en mesure de se rendre disponible à n’importe quel moment de la journée. Également dans le viseur des syndicats, les procédures de licenciements, très assouplies grâce aux Tories (Conservateurs) et qui permettent aujourd'hui à un employeur de licencier un salarié refusant une modification substantielle de son contrat et de le réembaucher dès le lendemain à des conditions moins favorables.
Autre point de vigilance : la survie post Brexit des droits hérités des directives communautaires (congés payés, temps de travail, intérim, etc.). « Le Brexit est considéré au Royaume-Uni comme une affaire tranchée sur laquelle on ne revient pas, d'ailleurs le Labor n'a même pas fait campagne sur le sujet, mais l'essentiel de la législation du travail du pays est hérité des directives communautaires, les syndicats seront forcément vigilants sur ces aspects », note Jacques Freyssinet. Enfin, les syndicats entendent bien ferrailler sur les différentes restrictions au droit de grève amorcées depuis 2010 par les Tories. Le Labor va -t il réellement les y aider ? « Tout va dépendre du degré de pression qu'ils seront à même d'exercer sur le parti, analyse Jacques Freyssinet, car le Labor a clairement dans les derniers mois de sa campagne fait des efforts considérables pour se rapprocher du monde des affaires. Le Financial Times (journal classé à droite, NDLR) a par exemple pris parti pour le Labour dans cette campagne, avec cette idée qu'avec les Conservateurs on ne savait plus où on allait. Le Labour ne cherchera pas la bagarre avec le patronat, tout va donc être une question de rapport de force pour les syndicats pour savoir dans quelle mesure et dans quel délai, les Travaillistes tiendront leurs engagements d'abroger les mesures anti-grèves prises depuis quatorze ans.»
Autre enseignement notable du scrutin du 4 juillet, la forte poussée de la droite populiste de Reform UK qui a remporté quatre sièges. Son leader, Nigel Farage, figure du Brexit, a salué « une victoire contre l'establishment » : « la montée de l'extrême droite est une vieille composante, alimentée par des sentiments racistes ou xénophobes face aux communautés étrangères dans le pays. Le Royaume-Uni est aujourd'hui le lieu d'une immigration très importante non seulement du fait des personnes qui traversent la Manche, mais aussi parce que le patronat exerce un recours massif à l'immigration notamment en raison de la pénurie de main d'œuvre », explique Jacques Freyssinet. Nommé premier ministre par le roi Charles III dans la journée du 5 juillet, le leader du parti travailliste Keir Starmer vient de former son nouveau gouvernement.
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