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TRAVAIL

Une conférence Travail Emploi Retraites pour quoi faire ?

5 décembre 2025 | Mise à jour le 5 décembre 2025
Par | Photo(s) : Ian LANGSDON / AFP
Une conférence Travail Emploi Retraites pour quoi faire ?

Le Ministre du travail Jean-Pierre Farandou (à droite) est accueilli par le Président du CESE Thierry Beaudet (à gauche). 5 décembre 2025, Paris

Trois jours après une journée de mobilisations pour les salaires et contre l'austérité budgétaire, la Conférence Travail Emploi Retraites s’est ouverte au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Alors que le budget de la Sécu, qui prévoit notamment le report de la retraite à 64 ans, enflamme l'Assemblée nationale, l'objectif affiché du gouvernement est d'éclairer le débat public avant la présidentielle.

C'était une promesse faite par le Premier ministre Sébastien Lecornu lors de son discours de politique générale le 14 octobre 2025, au moment de l’annonce de la suspension de la réforme des retraites inscrite dans le projet de budget de la Sécu (PLFSS). Après l'échec du conclave initié par l'ex-Premier ministre François Bayrou, la conférence sociale a donc débuté ce vendredi 5 décembre par un discours du ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou. Celui-ci a dit vouloir « redonner un espoir de clarification au pays » grâce à un dialogue social renouvelé. Il entend mettre les jeunes sur le marché du travail plus tôt et faire partir plus tard. Le gouvernement se félicite d'un procédé prétendument inédit : laisser un espace d'expression aux acteurs sociaux, afin de désamorcer les tensions et éviter la focalisation immédiate sur la réforme des retraites de 2023.

Absences lourdes de sens

Le raoût est pourtant marqué par deux absences symboliques : celle du Premier ministre Sébastien Lecornu, monopolisé par les débats sur le budget à l'Assemblée nationale, et celle du MEDEF. Une défection du patronat qui rappelle l'échec des conférences sur le travail en 2021. « Je peux comprendre leurs incertitudes. J’espère que le Medef retrouvera sa place quand la période du budget sera passée », s'est rassuré le ministre du travail. Les représentants des petites et moyennes entreprises, CPME et U2P étaient en revanche présents côté patronal, tout comme l’ensemble des organisations syndicales en dehors de Solidaires. La CGT a finalement décidé de participer à la conférence après avoir obtenu des garanties auprès du Premier ministre de pérenniser le système de retraites par répartition.

La CGT sceptique

La centrale de Montreuil n'en reste pas moins sceptique. Dirigeant confédéral en charge de la protection sociale à la CGT, Denis Gravouil dénonce une opération de façade : « tout ça, c'est une tartufferie », lâche-t-il d'emblée. « On nous dit vouloir faire quelque chose pour l'emploi des jeunes et des seniors, mais ça reste du discours ».

Concrètement, la journée est rythmée par quatre séquences thématiques, combinant tables rondes et interventions des organisations syndicales et patronales. Au programme : les mutations du monde du travail, la reconnaissance du temps réel de travail, l'amélioration globale de la qualité de vie, les mobilités, le logement pour les travailleurs, la sécurisation des parcours professionnels et la santé au travail.

Un format participatif, censé refléter la volonté du gouvernement d'écouter avant de proposer des modifications de loi. « On a échappé à une conférence uniquement basée sur les retraites. C’est important de pouvoir parler de toutes les questions », commente Denis Gravouil, qui met en lumière « l'explosion du nombre de morts au travail » et « l'invisibilisation des maladies professionnelles », notamment chez les femmes.

Au passage, la CGT réaffirme ses revendications : abrogation de la réforme des retraites de 2023, retour de la retraite à 60 ans, amélioration de la politique de l'emploi et renforcement des services publics, « Si ça tourne au fiasco ou s’il n’y a que du blabla, on verra à quel moment partir », prévient Denis Gravouil. Deux autres conférences se tiendront d’ici l’été 2026 ainsi que des ateliers mensuels. D’ici là, le gouvernement Lecornu devra encore passer l’épreuve du budget.

Emil Dromery