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TRAVAIL

Hard Copy

4 mars 2015 | Mise à jour le 15 mars 2017
Par
Hard Copy

Théâtre Fracas et perversion en open space. Une comédie corrosive sur le harcèlement moral au travail. Jubilatoire et troublant.

Ça monte comme ça, doucement, l'air de rien. Une remarque anodine lézarde, fissure, puis fait voler en éclats la complicité de Douce, Belle, Blanche, et Rose. Quatre collègues de travail, des femmes «bien sous tous rapports», qui partagent leur univers professionnel dans un open space désincarné où elles travaillent sous la pression du Groupe, un employeur exigeant. Une rancœur à l'origine inconnue, née chez l'une d'entre elles, se propage tel un vent mauvais sur les deux autres pour faire de la quatrième la victime expiatoire de leurs frustrations et traumatismes.

Concentrée sur une journée de travail, la pièce écrite par Isabelle Sorente dissèque avec brio les différentes étapes du processus de harcèlement moral au travail. Mention spéciale aux comédiennes Christine Anglio, Virginie Hallot, Violaine Fumeau et Lara Chaslot pour leur interprétation percutante. «On se demande toujours si on a le ton juste sur ce sujet, confie Stéphanie Pérard, metteure en scène, mais pour avoir échangé avec des amies elles-mêmes en proie à ce fléau, je me suis rendu compte que la réalité donnait lieu à des situations totalement étonnantes, l'une d'entre elles m'a même confié avoir vu une harceleuse devenir à son tour harcelée!» .

La pièce ne se contente pas de passer au crible la perversion au travail, mais elle revisite au passage la question de la condition féminine. Aliénées dans leur rôle de bonnes mères, d'épouses parfaites et de salariées performantes, ces femmes-là voient leur quotidien rythmé par des injonctions permanentes: «Pour être mince, je bois Contrex»,  «Etre mère, c'est quand même le plus beau rôle d'une femme», «Le couple, c'est du travail!», «Pour autant, il ne faut pas négliger sa vie professionnelle!». Victime d'un traumatisme ancien, Douce, elle, n'a jamais connu l'orgasme avec son mari. Dès lors, c'est le harcèlement qui lui ouvre la voie de la jouissance. Une perversité qu'elle et ses collègues n'auront pas le loisir de réaliser et encore moins de regretter. Par la voix de leur employeur, c'est le système capitaliste qui leur donne l'absolution pour ce qu'elles accomplissent. C'est épatant et en tout point glaçant.

Hard Copy, d'Isabelle Sorente. Mise en scène de Stéphanie Pérard. Théâtre Clavel, 3, rue Clavel, 75019 Paris. Jusqu'au 28 mars 2015. Du jeudi au samedi à 20 heures. Entrée, 18 euros. Tarif réduit, 13 euros.