Nouveau : s'attaquer aux chômeurs pour réduire le chômage
Oui, c'était le président de la République, en janvier dernier. C'était avant les dernières déclarations de son ministre de l'Économie sur l'allocation chômage. Emmanuel Macron, le ministre en question, venu tout droit de la banque Rothshild, a adopté la posture du « résolument moderne » : pourfendant vaillamment les tabous et les totems, entendez par là les droits sociaux, il envisage de limiter l'indemnisation des privés d'emploi au motif que l'assurance chômage accuse un déficit de 4 milliards. Encore un couac d'un ministre peu respectueux des engagements présidentiels ? Non, il ne semble pas, tant la réaction de l'Élysée à ces propos est pour le moins bienveillante. Ballon d'essai ? Assurément.
LA RICHESSE DE LA FRANCE,
CE NE SONT PAS LES RICHES,
CE SONT LES SALARIÉS
S'agit-il de faire des économies ? Non, la recette serait dérisoire. Surtout si on la rapporte aux 41 milliards généreusement accordés au patronat sans que le moindre résultat, en termes d'investissements et d'emploi, lui soit demandé en contrepartie. Ainsi, le gouvernement soupçonne les chômeurs de tirer au flanc et de profiter abusivement du modèle social français. Le ministre du Travail avait préalablement déclaré « qu'il fallait vérifier que les gens cherchent du travail » et qu'il fallait instituer des sanctions. Deux poids deux mesures : les 41 milliards d'euros sont distribués sans contrôle, à un patronat qui n'hésite pas à grossir le nombre des sans-emploi, mais les chômeurs, eux, seraient étroitement surveillés et sanctionnés.
UN CHÔMEUR SUR DEUX NE TOUCHE PAS D’INDEMNITÉ
Il faut être bien loin de la vie d'un chômeur et de sa détresse pour oser proférer de telles insinuations. Cela est d'autant plus scandaleux que, comme l'a rappelé Thierry Lepaon, le secrétaire général de la CGT, « la moitié des chômeurs ne bénéficie d'aucune indemnité ». Et d'ajouter : « Chacun considère comme normal qu'en contrepartie de son indemnité, un chômeur ait des droits et des devoirs. Ne serait-il pas normal que les 220 milliards d'euros d'allégements de charges – une autre sorte d'indemnités – versées tous les ans aux entreprises, soient eux aussi contrôlés ? Or, 80 % du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, versés aux employeurs, pour créer des emplois, sont redistribués aux actionnaires. »
Il ne faut dès lors pas s'étonner que la France soit le deuxième pays au monde, derrière les États-Unis, à compter le plus de millionnaires. « Des millionnaires toujours plus nombreux et toujours plus riches », titre Les Échos…
Désigner les privés d'emploi comme boucs émissaires pour expliquer les résultats catastrophiques des politiques d'austérité, car c'est aussi l'objectif recherché par le premier ministre et le ministre de l'Économie, ne pourra masquer cette réalité : la richesse de la France, ce ne sont pas les riches, ce sont les salariés. Leurs luttes dans bien d'entreprises en font la démonstration.