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Ceux qui sont loin de chez eux

2 décembre 2014 | Mise à jour le 18 avril 2017
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Ceux qui sont loin de chez eux

Le documentaire de Marcel Trillat Des étrangers dans la ville, diffusé mardi 2 décembre sur France 2 dans le cadre de la seconde partie du magazine Infrarouge (à 23 h 40) suit, ce qui est bien trop rare, le parcours de demandeurs d'asile et de migrants depuis l'instant où ils ont posé le pied sur le territoire français.

« Quand on n'a pas de papiers, on n'a pas de droits » explique Mamadou, travailleur sans papiers venu occuper, avec le soutien de la CGT, l'agence d'intérim qui l'emploie.

Zone d'attente d'aéroports, Anafé, Ofpra, CNDA, Centre de rétention administrative, OFII. Tous ces termes et sigles qui n'ont peut-être qu'une vague signification pour ceux qui n'ont jamais eu à quitter leur pays, sont autant de jalons pour les migrants.

Dans le dédale de l'administration française, celles et ceux qui ont eu la chance de ne pas finir noyés en Méditerranée doivent alors prouver, pour débuter la procédure de demande d'asile, qu'ils répondent aux conditions de séjour prévues dans le cadre de la convention de Genève. Ci-contre Marcel Trillat.

C'est-à-dire apporter la preuve qu'ils sont, dans leur pays d'origine, victimes de persécutions en raison de leur appartenance politique, religieuse, ethnique ou de leur orientation sexuelle ou qu’ils sont menacés de mutilation sexuelles (excision) ou de mariages forcés. Toutes choses bien difficiles à établir, notamment quand on a dû fuir précipitamment…

Parmi eux, les neuf dixièmes seront récusés par l'Office français pour les réfugiés et apatrides (OFPRA). Leur seul recours est alors la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) qui accordera le statut à un peu plus de 20 % de ceux qui n'ont pas déjà été expulsés et continuent les démarches. Comme l'explique une jeune avocate, l'examen de leur dossier par un juge de la CNDA a tout d'une loterie. Certains juges semblent blasés, d'autres sont plus humains. Pour le demandeur, c'est pile ou face…

Ainsi que le précise l'ancien ministre communiste Anicet Le Pors, l'Europe semble de plus en plus abandonner la protection au bénéfice du contrôle.

Il souligne que pourtant, ça n'est pas en raison d'un raz de marée de migrants « 77% des réfugiés dans le monde sont en Asie et en Afrique ».

Jusqu'en 2013, il a été président de section à la CNDA où il est surnommé «Annulator» car il annulait fréquemment les refus de l'OFPRA…

Le réalisateur remet ici quelques pendules à l'heure : non, le chiffre annuel des travailleurs sans papiers n'a pas explosé en France : depuis plus de trente ans, il tourne autour de 400 000 personnes.

Les demandeurs d'asile ne sont, pour leur part, que 0,33 % de la population, soit, le taux le plus bas d'Europe, à égalité avec la République Tchèque.

Et de rappeler que les travailleurs migrants sont aussi ceux qui accomplissent les tâches dont nombre de français ne veulent pas, dans le bâtiment et les travaux publics, la restauration et l'hôtellerie, les services à la personne. Des emplois souvent pénibles, ingrats, avec beaucoup de contraintes et des salaires très modestes. Et lorsqu'ils sont sans papiers, au plus grand bénéfice des patrons qui peuvent ainsi exploiter une main d'œuvre soumise…

Un tel documentaire mériterait d'être diffusé à une heure de grande écoute. Voila qui changerait les téléspectateurs des centaines de faits divers qui sont le pain béni du prime time ou des JT et qui replacerait les discours racistes de l'extrême-droite dans le contexte du réel et non celui du fantasme de la peur de « l’autre ».

Des étrangers dans la ville, de Marcel Trillat. France 2 le 2/12/2014 à 23 h 40.

Des étrangers dans la ville

Documentaires de Marcel Trillat