À Avignon, la CGT et le festival retrouvent leur ADN

C’est par la parade des troupes du festival Off, puis par la première représentation du  IN, que la 73^e édition du Festival d’Avignon a débuté le 4 juillet. Comme chaque année, le théâtre envahit les murs, les grilles, les trottoirs. Quelque 150 lieux, parfois improbables comme des garages, accueillent près de 1 600 spectacles qui s’enchaînent du matin au soir. Du spectacle « seul en scène » aux grosses productions, Avignon offre une palette incomparable. Pour le public, l’opportunité de satisfaire sa curiosité et son appétit pour le spectacle vivant. Pour les troupes, un tremplin et un marché pour vendre leur spectacle.

Dans les gradins de la cour d’honneur du Palais des papes, ce soir de première, avaient pris place quelque 200 militants de la CGT venus assister – certains pour la première fois de leur vie – à une représentation théâtrale. Ils répondaient ainsi à l’invitation de la confédération syndicale et de la direction du festival. Parmi eux, notamment, des militants des comités de privés d'emploi et des ex-travailleurs sans papiers qui ont obtenu leur régularisation par la grève et le soutien de la CGT. Ils ont ainsi pu assister à la première de la pièce Architecture donnée en ouverture du festival et participer à des ateliers de découverte et d’échanges avec les professionnels du spectacle vivant.

Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon

« À travers cette initiative, explique Angeline Barth, membre du bureau confédéral de la CGT et professionnelle du spectacle, le festival et notre organisation retrouvent leur ADN. Ce festival a été créé notamment grâce aux comités d’entreprise. Le syndicalisme et le monde de la culture se sont un peu éloignés et nous voulons leur permettre de se retrouver grâce à des initiatives comme celle-ci . Par les temps qui courent, et notamment avec la montée des idées nauséabondes et le repli sur soi, c’est important de favoriser de tels échanges, de tisser des liens, de rencontrer “l’Autre”, d’oser aller voir ce qu’on ne connaît pas. »

Une ambition également partagée par Olivier Py, metteur en scène et directeur du Festival d’Avignon pour qui « le festival et la CGT poursuivent ainsi une aventure originale et originelle en invitant des publics ordinairement éloignés de la culture. Nous en sommes immensément fiers. Leur présence justifie le Festival d’Avignon. C’est nous qui avons besoin d’eux ; nous qui avons besoin d’un public qui soit plus métissé socialement. En cela, nous sommes fidèles à l’esprit de Jean Vilar dont nous sommes héritiers. »