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Saisonniers : une reprise du travail en mode dégradé
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Comme la majorité des travailleurs saisonniers, Jonathan vit dans son camion aménagé pour pouvoir travailler au magasin de sports à Vars, pendant la saison hivernale. « Je suis plutôt bien équipé. Il fait parfois froid, mais c'est supportable », explique le jeune salarié aux côtés de son employeur, Yann Jilbert qui déplore quant à lui, « trop de lits froids *» dans cette station de ski : « il est indispensable de construire ou de mobiliser des logements à des loyers modérés pour pouvoir loger l'ensemble du personnel. J'ai eu du mal à recruter des personnes qualifiées donc j'ai dû former rapidement mes équipes, à défaut de logements accessibles ».
Ce déficit en logement est aujourd'hui conjoncturel dans les stations touristiques comme Vars où, selon les statistiques 2021 de l'Insee, 92,2 % des 3939 résidences seraient secondaires. Le logement figure parmi les préoccupations principales exprimées jeudi 13 février 2025, à Sophie Binet qui est allée à la rencontre des employées et des employeurs des commerces et des remontées mécaniques de Vars, dans le cadre d'une caravane des saisonniers organisée par les délégations départementale et locale CGT. L'occasion, pour la secrétaire générale de la CGT, d'informer sur le nouveau guide CGT sur les droits des travailleurs saisonniers, distribué ce jour-là, et d'appeler à l'organisation collective, comme seul moyen d'acquérir des droits. « On est là pour informer les travailleurs saisonniers sur leurs droits et, ce soir, on inaugure une nouvelle union locale CGT à Embrun. L'enjeu pour le syndicat est d'être présent toute l'année au quotidien pour organiser et défendre. C'est très important car en France, un million de travailleuses et travailleurs saisonniers sont concernés dont près de 20 000 ici, dans le département des Hautes-Alpes. Ce sont des salariés particulièrement précaires, avec beaucoup moins de droits que les autres alors qu'ils et elles font tourner des secteurs indispensables à l'économie. Le secteur du tourisme, de l'agriculture ou du bâtiment tournent grâce aux saisonniers et aux saisonnières et au saisonnières ».
En 2021, une importante grève des saisonniers CGT des remontées mécaniques, avait permis des avancées, explique Sabrina Taloti conductrice de télésiège à Vars et déléguée du personnel : « Cette mobilisation a permis de gagner des droits comme l'ancienneté et la prime de précarité, mais on continue de se battre pour l'augmentation des salaires. Aux remontées mécaniques, on est 190 saisonniers recrutés en CDD pour un équivalent de 88 temps pleins avec un taux horaire en moyenne équivalent au SMIC ». Ce qui signifie qu'un travailleur saisonnier peut travailler durant 40 ans et être payé au SMIC pendant toutes ces années. Une réalité que déplore Sophie Binet, qui invite tous les salariés saisonniers à s'organiser dans les Hautes-Alpes avec l'appui de la nouvelle union locale d'Embrun pour défendre et gagner « la priorité à l'embauche, une sécurité des contrats de travail, la reconnaissance de l'ancienneté pour tou.te.s, un logement digne avec des transports en commun non polluants ». Le tout en créant un système plus sécurisant à l'image de celui des intermittents du spectacle, qui ont réussi à obtenir des droits garantis, malgré la précarité. Un défi à relever dans la perspective des Jeux Olympiques de 2030, qui à l'instar de ceux de Paris 2024, peuvent constituer un espace de négociations nécessaire, notamment avec la création d'une charte sociale. Pour ce faire, charge aux pouvoirs publics d'associer le syndicat CGT à ces stratégies prospectives.
* On appelle « lits froids » sont des logements inoccupés correspondant à des résidences secondaires.
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