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INDUSTRIE

Après 144 ans d’existence, Danone met fin à Blédina à Villefranche-sur-Saône

24 novembre 2025 | Mise à jour le 24 novembre 2025
Par | Photo(s) : Marie Albessard
Après 144 ans d’existence, Danone met fin à Blédina à Villefranche-sur-Saône

Christophe Roussel, délégué syndical CGT devant l'usine Blédina, le jeudi 20 novembre, entouré par des élus de l'intersyndicale (FO, CFE CGC FNI2A, CFDT)

Le groupe Danone a annoncé début novembre la fermeture de son usine de Villefranche-sur-Saône, qui emploie 118 salariés. Implantée depuis 144 ans, c'est un crève-cœur pour les salariés, qui se sont réunis avec les syndicats le 20 novembre.

L'annonce a « fait mal ». « On est tristes et on a le sentiment qu'on nous a laissés crever », résument des salariés qui requièrent l'anonymat. Le 4 novembre 2025, Danone a annoncé fermer son usine Blédina de Villefranche-sur-Saône (Rhône) pour délocaliser la production en Pologne. Ce 20 novembre, les syndicats, salariés, retraités, élus… se sont retrouvés devant le site pour faire part de leur colère. D'autant que l'usine, qui existe depuis 144 ans, est une institution pour cette ville de moins de 80 000 habitants. La blédine a été inventée ici et nombreux sont ceux qui évoquent cette odeur vanillée indissociable de son identité.

Une ancienneté de 3 mois à 45 ans

« Nous ressentons une grande colère, d'autant que nous demandons les chiffres de rentabilité depuis des années, sans succès. La direction nous sort des chiffres proches de zéro voire négatifs, que nous allons challenger bien sûr, mais nous aurions pu discuter d'autres solutions », s'agace Christophe Roussel, délégué syndical CGT. Si l'usine ferme ses portes en juillet 2027 – ce que l'intersyndicale (CGT, FO, CFE CGC FNI2A, CFDT) entend bien rediscuter – ce sont 118 emplois qui sont menacés, avec des anciennetés de 3 mois à 45 ans. Car Blédina, c'est une usine où on reste : « Les conditions de travail étaient réputées bonnes et il y avait une bonne ambiance. On ne perd pas qu'un boulot », ajoute un salarié. Danone, par la voie de son directeur de site a, sur France Inter, évoqué un marché qui se dégrade, une baisse de la natalité, un changement des habitudes alimentaires et « un contexte inflationniste ». Il s’est engagé à proposer aux salariés un emploi dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Mais la plupart des sites, éloignés, ne permettront pas aux familles de rester vivre sur place.
Salariés et syndicats évoquent un sentiment de désengagement progressif : le siège avait quitté Villefranche pour Limonest (Rhône) en 2017 et la fabrication s'était focalisée uniquement sur la blédine en 2014, mettant fin à celle de cracottes et craquinettes.

Une entreprise qui fait de l’argent

Ils énumèrent aussi les nombreux efforts faits ces dernières années pour améliorer la productivité du site : non remplacement de départs, fermeture imposée 10 semaines par an… « Tout ça pour, en plein sommet Choose France, annoncer que la production sera délocalisée en Pologne ! s'énerve Christophe Roussel. Nous avions pourtant atteint les objectifs de réduction des coûts fixés par la direction. » La situation agace aussi les élus locaux présents, comme Etienne Allombert, conseiller municipal d'opposition PCF de la ville : « Ce qui me révolte, c'est que l'entreprise n'est pas en déficit, elle n'est pas assez rentable pour Danone ! On supprime une entreprise qui fait de l'argent. » Les accords de méthode sont en passe d'être finalisés et, sauf bouleversement, une première ligne de production devrait fermer en juin 2026.

Marie Albessard