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« L'ambiance est à la fête, et ça juste avant Noël » s'enthousiasme Nacim Bardi, délégué CGT d'Ascoval Saint-Saulve pas encore remis des émotions de la veille (le 19 décembre 2018), où les salariés ont appris avec une joie indicible la décision du Tribunal de Strasbourg. « On est soulagés ! Ça fait un an qu'on cherche à se relever. On va garder les 281 emplois, et le PDG d'Alifort, Bart Gruyaert, est aussi venu confirmer lui-même qu'on va créer un laminoir et un train à fil, ce qui va entraîner la création d'une quatrième et une cinquième équipe avec la 140 à 150 nouveaux emplois en CDI à la clef. » Quel enseignements tirer à chaud ? « Pour y arriver, il a fallu qu'on joue l'union : l'union syndicale, et nous sommes les trois syndicats (CGT, CFDT, CFE-CGC) à être dans la bataille, mais aussi l'union avec le relais de politiques de différents partis » poursuit Nacim.
« Il y a eu des périodes de découragement, mais nous avons abouti à une belle victoire » se félicite Philippe Verbeke, responsable de la sidérurgie à la CGT métallurgie. « La direction de Vallourec a tout fait pour mettre des bâtons dans les roues. C'est pour cela que nous avons mis l'État (actionnaire à 17% de Vallourec, NDLR) devant ses responsabilités » analyse le syndicaliste. En effet, alors que Vallourec (détenteur d'Ascoval à 40%) refusait d'assurer un certain niveau de commandes à Ascoval pour assurer la jointure, c'est le repreneur assisté d'un expert qui a réussi à trouver par lui-même des entreprises pour garantir à Ascoval le niveau de commande nécessaire. Pour le syndicaliste, « c'est la confirmation, de ce que nous savons : à savoir qu'il y a un besoin de production d'acier et que la demande existe. »
La lutte d'Ascoval, qui a mobilisé les salariés, leurs syndicats, les politiques, les collectivités territoriales, le repreneur et l'État est un éclairage sur la manière dont les différents acteurs peuvent modifier une réalité. L'affaire n'est pas évidente, car en matière de sidérurgie, on n'a guère souvenir de reconquête depuis des décennies.
Tout d'abord, il y a eu le blocage inadmissible de la part de la direction de Vallourec, tout obstiné à sa politique de délocalisation au détriment du pays. La CGT demande d'ailleurs toujours, à cet égard, que l'État actionnaire débarque cette direction qui nuit aux intérêts du pays.
Ensuite, il y a la méconnaissance de la part de l'État de la réalité de son appareil industriel « Un expert consulté par Bruno Le Maire nous a indiqué que le Ministre était au départ persuadé du caractère obsolète d'Ascoval, alors que c'est une aciérie électrique neuve » confie Philippe Verbeke. Cette ignorance de la réalité industrielle par les élites technocratiques peut avoir des conséquences catastrophiques, d'autant qu'elle se double d'une méconnaissance du marché.
Parallèlement au succès d'Ascoval, on apprenait la décision d'Arcelor Mittal de ne pas relancer les hauts-fourneaux de Florange (mis sous cocon depuis 2012), et de procéder à leur démantèlement. De quoi mettre en colère les syndicalistes CGT qui viennent de démontrer que non seulement le marché existe, mais que L'État pouvait encore avoir le dernier mot. « Nous contestons cette décision unilatérale de Mittal et demandons à l'Etat d'intervenir pour relancer la sidérurgie dans la région, que ce soit par les hauts-fourneaux ou par la création d'une nouvelle aciérie électrique » poursuit Philippe Verbeke. De nouvelles technologies existent en effet pour une sidérurgie s'inscrivant dans l'économie circulaire avec les aciéries électriques, mais aussi les nouvelles techniques de captation du C02, ou encore pour le développement de la filière hydrogène. Si d'aucuns en leur temps disaient que l'État ne peut pas tout, force est de constater que sur des dossiers stratégiques, il peut quand même encore beaucoup.
Pour sa part, la CGT plaide pour depuis cinq ans pour l'organisation d’états généraux nationaux de la sidérurgie. A la mi-janvier, Philippe Martinez devrait engager une tournée dans le Grand-Est pour relancer cette idée en lien avec celle de la filière automobile.
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