4 février 2019 | Mise à jour le 4 février 2019
Des centaines d'assistantes maternelles ont manifesté samedi 2 février partout en France pour dénoncer la réforme du chômage qui, si elle était adoptée, supprimerait le complément de revenu qu'elles perçoivent actuellement entre deux contrats.
Précarité assuréeLancée en novembre dernier sur Facebook, leur mobilisation avait été initiée par cinq assistantes maternelles de Gironde dont Florence Cazenave, 51 ans, assistante maternelle à Langon, depuis 20 ans.
« Je reçois 4 enfants à la journée actuellement, explique-t-elle. Si demain, je perds un ou deux contrats parce que ces enfants déménagent ou sont scolarisés, je perds la moitié de mon salaire et je ne sais pas quelle indemnisation je percevrais en attendant d'en trouver de nouveaux. Aujourd'hui, le revenu perdu est partiellement compensé par les indemnités ce qui nous permet de toucher un salaire à peu près décent. Mais on ne s'endort pas sur ces droits transitoires pendant des mois… c'est juste en attendant de retrouver un contrat.
Nous sommes rémunérées environ 3 euros de l'heure par enfant, ce qui est déjà un tarif bas. Or, la réduction de ce complément de revenu va encore nous pénaliser et nombre d'assistantes maternelles vont être obligées d'arrêter ce métier. Je pense notamment aux mères célibataires qui font ce métier et qui cumulent parfois plusieurs temps partiels. L'autre aspect, c'est que malgré la création de 30 000 places en crèche promises par le gouvernement Macron, beaucoup de parents employeurs travaillent en horaires atypiques, soit avant 7 heures du matin et après 20 heures. Ils auront toujours besoin de nous. »
« Touche pas à mon assistante maternelle », « Ass-Mat en colère », « La précarité, c'est pas notre métier ! » À Bordeaux, le 2 janvier au matin, une cinquantaine d'assistantes maternelles vêtues de gilets roses ont occupé le pavé, dansant devant la sono de la CGT, tractant et interpellant les passants sur la nouvelle précarisation de leur métier prévue par la réforme du chômage en cours de discussion.
L'allocation chômage qui leur permet de joindre les deux bouts entre deux contrats pourrait être considérablement réduite. Peu habituées à descendre dans la rue, rarement syndiquées et souvent éloignées des organisations, les assistantes maternelles – 330 000 en France et des femmes en grande majorité – se sont mobilisées à Paris, Lyon, Nancy, Lille, Nantes, Nice et Montpellier. En parallèle du mouvement des gilets jaunes, mais dénonçant la même précarité, des gilets roses ont essaimé dans 29 villes de France avec l'aide de la CGT et FO.
Des bouts de ficelle
Les négociations en cours, entre patronat et syndicats, sur l'indemnisation du chômage, pourraient se traduire par une remise en cause des règles qui s'appliquent aux salariés en « multi-emplois » — dont les aides à la personne, les auxiliaires de vie, etc. — et concernent les assistantes maternelles lorsqu'elles travaillent en même temps pour plusieurs familles. Actuellement, si un contrat prend fin entre l'assistante maternelle et un de ses employeurs, elle bénéficie d'une allocation de 57 à 75 % du revenu perdu qui s'ajoute aux revenus des emplois « conservés ».
De 30 à 300 euros de perte d'allocation chômage
Or, dans le document de cadrage envoyé aux partenaires sociaux pour la négociation sur l'assurance chômage, le gouvernement estime que cette situation « mérite d'être corrigée, afin d'inciter davantage les personnes à privilégier les revenus d'activité ». Une vision qui fait bondir Denis Gravouil, en charge des négociations sur l'assurance chômage pour la CGT : « si cette réforme était appliquée, les personnes concernées perdraient entre 30 et 300 euros par mois, ce qui serait “extrêmement grave”. Selon l'Unedic, au deuxième trimestre 2015, deux tiers des 105 000 assistantes maternelles cumulaient salaire et allocation. Cumul ou non, leurs revenus restaient assez proches, atteignant environ 1 400 euros brut mensuels.