22 juillet 2020 | Mise à jour le 29 juillet 2020
Le retour aux règles de l'assurance-chômage d'avant le 1er novembre ne sera pas total et ne s'appliquera pas aux personnes ayant perdu leur emploi avant le 1er août, selon le projet de décret envoyé aux syndicats, qui y voient un « accroc » aux annonces de l'exécutif.
Le texte met en application la suspension jusqu'au 1er janvier de la réforme de l'assurance chômage, y compris de la première partie en vigueur depuis le 1er novembre sur le durcissement de l'ouverture des droits. Ce report avait été annoncé vendredi par Jean Castex aux syndicats, à leur grande satisfaction.
Depuis le 1er novembre, il fallait avoir travaillé au moins six mois sur les 24 derniers pour ouvrir des droits, au lieu de quatre mois sur les 28 derniers.
Mais ce retour aux règles antérieures ne s'appliquera que pour les « travailleurs privés d'emploi dont la fin du contrat de travail intervient entre le 1er août et le 31 décembre 2020 », selon le projet de décret révélé par l'agence AEF.
Il ne concernera donc pas les personnes ayant perdu leur emploi entre novembre et août, ce qui aurait contraint Pôle emploi à recalculer leurs droits.
En outre, le retour aux quatre mois sera calculé sur les 24 derniers mois et non 28.
Enfin, le seuil permettant un rechargement des droits, lorsqu'on travaille pendant sa période de chômage, restera aligné sur les conditions d'affiliation et sera donc de quatre mois (au lieu de six) alors qu'il n'était que d'un mois avant le 1er novembre.
« Le décret ne correspond pas aux annonces sur le retour aux règles antérieures. On ne peut être que surpris, c'est un petit accroc », a réagi Éric Courpotin (CFTC) auprès de l'AFP. « Cela pose la question de la parole du Premier ministre », a renchéri Michel Beaugas (FO).
Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez s'est dit « très en colère ». « On commence mal en termes de confiance », a-t-il souligné à l'issue d'une réunion de concertation sur le plan de relance à Bercy avec les partenaires sociaux.
« C'est une mauvaise nouvelle… et ce n'est pas conforme aux annonces du Premier ministre vendredi dernier », a estimé Marylise Léon, numéro deux de la CFDT.
Au ministère du Travail, on explique « avoir pris la décision qui se rapproche le plus possible des règles antérieures et qui soit techniquement faisable par Pôle emploi pour être le plus rapidement opérationnelle pour les demandeurs d'emploi ».
Avec la suspension de la réforme, « on a accédé à une demande forte des syndicats », rappelle-t-on.
Le projet de décret acte aussi le report de la dégressivité au bout de six mois pour les hauts revenus et de la modification du calcul de l'indemnisation.
Celle-ci, qui devait intervenir le 1er septembre et aurait pénalisé ceux qui alternent contrats courts et chômage, pourra être revue lors d'une concertation à la rentrée.