26 août 2025 | Mise à jour le 26 août 2025
Le Premier ministre convoque l'Assemblée nationale le 8 septembre pour un vote de confiance sur sa politique générale. De son côté, l'intersyndicale se réunit vendredi 29 août pour préparer la riposte sociale contre un projet d'économies budgétaires profondément injuste.
François Bayrou souhaite une clarification de la situation. Confronté à une impopularité et à une contestation grandissantes, après avoir passé son été en plan serré sur sa chaîne Youtube à soliloquer sur la nécessité de son budget 2026, le Premier ministre engage la responsabilité de son gouvernement sur sa politique générale et convoque l'Assemblée nationale le lundi 8 septembre pour un vote de confiance. « Si vous avez une majorité, le gouvernement est confirmé. Si vous n'avez pas de majorité, le gouvernement tombe », a-t-il expliqué après cette annonce surprise.
Un ton volontairement alarmiste
Lors de sa conférence de presse le 25 août, François Bayrou a rejoué la même partition que lors de son moment de vérité le 15 juillet, quand il a présenté son projet d'économies budgétaires de près de 44 milliards d'euros. Le ton était volontairement alarmiste, le Premier ministre, étant selon lui, le seul à comprendre l'urgence de la situation. Il a une fois de plus rappelé à quel point le pays était au bord du gouffre. « Un danger immédiat pèse sur nous aujourd'hui même, auquel nous devons faire face sans quoi l'avenir nous sera interdit et le présent en danger », a-t-il martelé en évoquant le surendettement. Cette fois, plutôt que d'égrener le temps en secondes, Bayrou a préféré compter les heures. « Depuis 20 ans, chaque heure de chaque jour, la dette augmente de 12 millions. » Puis de s'inquiéter que la charge de la dette devienne le budget le plus important de la nation, « équivalant à l'addition du budget de la recherche, du logement et de la justice : 66 milliards cette année, 75 milliards en 2026 et 107 milliards en 2027 ». Une manière très personnelle d'admettre que ces trois ministères sont sous dotés ?
Bayrou pas inquiet de l'addiction des entreprises aux aides publiques
Soucieux de la « dépendance chronique de la France à la dette », Bayrou semble en revanche moins préoccupé de l'addiction des entreprises aux aides publiques. Interrogé sur sa volonté de rétablir ou non de la justice fiscale et de s'attaquer aux quelque 211 milliards d'aides publiques versées aux entreprises selon un rapport sénatorial publié en juillet, Bayrou a répondu qu'il ne fallait pas « mélanger les carottes et les sèche-cheveux ». Affirmant que les allégements de cotisations sociales créent de l'emploi (en dépit de plusieurs études qui démontrent une efficacité très relative), François Bayrou n'a rien trouvé de mieux que de promettre encore plus de simplifications aux entreprises. Le jour même, l'opposition parlementaire, des communistes au Rassemblement National en passant par la France insoumise, les écologistes et les socialistes par la voix de leur secrétaire Olivier Faure, a annoncé voter contre la confiance au gouvernement.
Les syndicats construisent la riposte
« Ce que nous attendions, c'est qu'il annonce qu'il renonce aux mesures qui vont nous appauvrir toutes et tous. Ce qui nous intéresse, ce n'est pas son avenir à lui. Ce qui nous intéresse, c'est notre avenir à nous », a déclaré Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT sur BFM TV. « Si le pays a un problème de dette, somme toute gérable, c'est parce que les gouvernements successifs n'ont pas arrêté de couper dans les recettes, en baissant les impôts des plus riches, notamment. Le discours alarmiste de Bayrou est le même depuis le 15 juillet, avec les mêmes solutions de droite qui visent à réduire les dépenses et à saccager les services publics, la sécurité sociale. Or, d'autres solutions existent », a commenté Denis Gravouil, dirigeant confédéral de la CGT. Le CCN de la CGT (son parlement interne composé des dirigeants des fédérations et d'unions départementales) se réunit les 26 et 27 août pour discuter du processus de mobilisations. Dans la foulée, l'intersyndicale (CFDT-CGT-FO-CFE/CGC-CFTC-Unsa-Solidaires), qui devait se réunir lundi 1er septembre, a avancé son rendez-vous à vendredi prochain pour discuter de la rentrée sociale. Les syndicats devront notamment se positionner par rapport à l'appel à bloquer le pays le 10 septembre. D'ores et déjà, la CGT Chimie, la CGT Commerce ou encore la CGT des Sociétés d'études ont décidé de rallier le mouvement.