24 mai 2017 | Mise à jour le 25 mai 2017
Le président de la République a rencontré ce 23 mai, les représentants syndicaux et patronaux dans une série de réunions bilatérales en tête-à-tête. Alors qu'il veut aller plus loin encore que ses prédécesseurs dans la remise en cause du droit du travail et ce par ordonnances, la CGT propose un autre code du travail digne du XXIe siècle. Avec des mobilisations à l'horizon.
Le dialogue social version Emmanuel Macron ? Le nouveau président de la République, qui entend étendre par ordonnances la réforme du code du travail déjà bien entamée sous le précédent mandat, a rencontré hier, mardi 23 mai, les responsables syndicaux et patronaux à l'Élysée, avant d'autres rencontres bilatérales la semaine prochaine, cette fois avec le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Le président de la République et le gouvernement entendent mettre rapidement en chantier une réforme qui élargisse le périmètre de l'inversion de la hiérarchie des normes, notamment sur les salaires. Les négociations d'entreprises pourraient alors rendre caduques les grilles salariales des conventions collectives de branches. Ils entendent également plafonner les indemnités prud’homales aux salariés en cas de licenciement abusif, et regrouper les instances représentatives du personnel.
Une politique à la hussarde ?
Sans surprise, pour le patronat, « La réforme du marché du travail doit aller vite ». C'est ce que plaide Pierre Gattaz, qui réclame également la suppression du compte pénibilité. Les organisations syndicales de salariés, elles, maintiennent leurs divergences telles qu'elles les avaient exprimées face à la loi El Khomri, mais sont toutes défavorables à une stratégie gouvernementale à la hussarde, qui passerait par l'adoption d'ordonnances durant les congés d'été. A tout le moins, elles souhaitent un calendrier moins contraint laissant davantage la place au dialogue social. Et à la négociation. Elles s'opposent aussi au plafonnement des indemnités prud'homales, sur lequel avait dû revenir le précédent gouvernement. Et pas sûr non plus que le nouveau président de la République parvienne à trouver des alliés syndicaux quant à la révocation des grilles salariales au profit de la seule négociation d'entreprise. Par ailleurs, le locataire de l'Élysée souhaite également la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, et là aussi, le bât risque bien de blesser.
Pour un vrai code du travail du XXIe siècle
La CGT pour sa part n'entend pas en rester à la seule dénonciation de ce programme gouvernemental, et défend au contraire des propositions sociales et économiques bien concrètes en faveur des salariés. Des propositions d'urgence d'abord, qui concernent tous les salariés menacés par des PSE, des suppressions de sites et d'emplois, comme ceux de GM&S, Tati, Vivarte… Et de rappeler au président que la loi Macron qu'il a fait adopter en 2015 permet aux grands groupes – aux maisons mères – même lorsqu'ils réalisent d'importants bénéfices, de se désolidariser du sort de leurs filiales.
Une aberration économique et sociale
Comme l'a rappelé Philippe Martinez au sortir de la rencontre à l'Élysée, la CGT défend aussi des revendications sociales et économiques. À commencer par un nouveau code du travail, simplifié mais renforçant les droits des salariés et de leur représentation, fondé sur le respect de la hiérarchie des normes, en s'appuyant sur le travail de juristes compétents. Bref, un vrai code du XXIème siècle. Elle plaide aussi notamment pour un nouveau statut du travail salarié et une véritable sécurité sociale professionnelle.
Parmi ses propositions : l'augmentation du Smic à 1800 euros, la mise en œuvre effective de l'égalité entre les femmes et les hommes, la retraite à 60 ans avec un taux de remplacement d'au moins 75 %, une réduction à 32 heures du temps de travail, de nouveaux droits pour les étudiants, le développement de la démocratie sociale, ainsi qu'un plan de reconquête de l'industrie et des services publics, et une conditionnalité des aides publiques avec des créations d'emplois stables et durables.
Mobilisés
C'est pour défendre ces droits et ces ambitions que la CGT entend poursuivre le débat dès maintenant et tout l'été avec les salariés, les retraités, les privés d'emploi, et contribuer à des mobilisations rassembleuses et exigeantes. Quelques mois après les fortes mobilisations contre la loi El Khomri, laquelle rassemblait contre elle la majorité des syndicats et des salariés et les trois quarts des citoyens, Emmanuel Macron serait bien inspiré de se rappeler les conditions de son élection, bien plus par défaut – en particulier pour faire barrage au FN – que par adhésion, comme le confirment tous les sondages.