En raison « d'un rebond assez fort de l'économie et de l'emploi au 3e trimestre », ses prévisions sont un peu moins pessimistes qu'en juin où l'Unédic s'attendait à 900 000 emplois salariés détruits. Mais, « en lien avec les prévisions de baisse de l'activité (…) l'emploi salarié diminuerait à nouveau au 4e trimestre », note-t-elle.
L'année prochaine, « le nombre de demandeurs d'emploi indemnisés diminuerait de 270 000 grâce aux nouvelles créations d'emploi », ce qui porterait leur nombre à environ 2,9 millions de personnes fin 2021.
En raison à la fois de la hausse des dépenses d'allocations et des moindres recettes, l'Unédic enregistrerait un déficit d'une « ampleur inédite » de 18,7 milliards d'euros en 2020, puis de 9,7 milliards fin 2021.
Pour mesurer l'ampleur du choc sur ses finances : le régime d'assurance-chômage prévoyait en février, avant le confinement pour cause de crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19, un déficit de 0,9 milliard cette année et même un excédent en 2021.
Le déficit porterait la dette à 55,5 milliards fin 2020 (contre 38,4 milliards prévus en février), puis à 65,2 milliards fin 2021. Lors d'une conférence de presse, le directeur général de l'Unédic Christophe Valentie a insisté sur le « niveau élevé » d'incertitudes entourant ces prévisions, soulignant « qu'on ne pouvait pas prévoir un reconfinement ou un vaccin ».
De même, l'Unédic est partie de l'hypothèse que la réforme de l'assurance-chômage de 2019, actuellement suspendue, s'appliquerait au 1er janvier alors qu'elle est rediscutée entre le gouvernement et les partenaires sociaux.
Si la réforme n'était pas appliquée et si on revenait intégralement aux anciennes règles – ce que réclament les syndicats, mais ce qu'exclut le gouvernement – le nombre de chômeurs indemnisés serait plus important et la dégradation du solde financier en 2021 serait « à peu près de 1,5 milliard d'euros », selon Éric Le Jaouen, président (Medef) de l'Unédic.
L'accroissement de la dette de l'Unédic en 2020 serait lié pour 57 % à l'activité partielle, dont l'Unédic finance le tiers, pour 28 % à l'augmentation des dépenses d'allocations chômage et pour 15 % aux reports de cotisations et autres moindres ressources liées à la baisse de l'emploi.
L'assurance chômage est en effet « quatre fois plus impactée par une crise » que d'autres régimes de protection sociale, « qui ne sont affectés que sur le volet recettes », rappelle l'Unédic. En conséquence, pour sécuriser le financement du régime, l'Unédic a procédé à quatre émissions « d'obligations sociales à moyen terme » (en mai, juin, juillet et octobre) qui ont permis de lever 13 milliards d'euros sur les marchés.
La question de la dette de l'assurance chômage sera abordée dans le cadre plus large d'une concertation entre gouvernement et partenaires sociaux à la fin de l'année sur le financement de la protection sociale et un cantonnement de la « dette Covid ».