« A cause de la crise du coronavirus, le gouvernement s’attend à une hausse moyenne de 8,7% des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) en 2020, a indiqué le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt lundi soir [19 octobre] à l’Assemblée, en marge d’un débat sur le budget 2021 », rapporte l'Agence France Presse.
La précarité et la pauvreté explosent
En effet, une réalité s'impose de plus en plus dans le débat public : si pour faire face à la crise sanitaire le gouvernement a déployé des filets de sécurité, pour lui, il s'est surtout agi de protéger l'emploi via le financement du recours massif au chômage partiel. Non pas de protéger les plus démunis. Or, depuis le début de la pandémie, la précarité et la pauvreté explosent et touchent même une nouvelle population : étudiants, intérimaires, artisans…
D'après l'Assemblée des départements de France (ADF), suite à l'épidémie de Covid-19, les dépenses consacrées au RSA ont bondi de 9,2% en août par rapport à la même période en 2019. Plus largement, les départements anticipent une explosion des dépenses de RSA pour la fin de l'année 2020 : « La paupérisation des ménages et des familles monoparentales se traduit par un recours accru aux aides sociales et au RSA. Par ailleurs, une chute des offres d'emploi rend encore plus difficiles les sorties du dispositif. » indique l'ADF dans une note publiée sur son site le 9 octobre.
Accroissement du nombre d'allocataires du RSA, des impayés de loyers, explosion de la demande d'aide alimentaire… Reçues par le premier ministre le 02 octobre, les associations du collectif Alerte (ATD Quart Monde, Secours catholique, Fondation Abbé Pierre, Coorace, Médecins du monde…) ont sonné l'alarme.
Elles craignent de voir « l'arrivée d'un million de personnes pauvres supplémentaires » et s'inquiètent fortement de « la disparition de 800 000 emplois d'ici la fin 2020 ».
Une étude du Conseil d'analyse économique (CAE) publiée le 12 octobre apporte de l'eau au moulin des associations. Elle montre que les ménages les plus modestes ont dû creuser leur endettement pour passer la crise, quand les 10 % des ménages les plus aisés concentraient plus de 50 % de l’épargne accumulée faute de pouvoir dépenser comme d’habitude.
« Relever les revenus des plus pauvres pourrait être une stratégie intelligente de relance de la consommation » estime Florent Guéguen, directeur général de la fédération des acteurs de la solidarité : « Quand les cadeaux faits aux riches alimentent l'épargne, ceux faits aux plus vulnérables sont immédiatement dépensés ».
Les propositions que le collectif Alerte a faites au Premier ministre vont dans ce sens : la revalorisation des minimas sociaux et des APL, l'accès au RSA dès 18 ans, la programmation ambitieuse de constructions de logements sociaux, le développement d'une politique de sécurisation alimentaire, l'accès aux soins pour toutes et tous ou encore l'investissement dans l'insertion par l'activité économique et les contrats aidés.