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ASSURANCE CHÔMAGE

Contre les fausses annonces et les prestataires vautours, la CGT met la pression sur Pôle Emploi

17 février 2021 | Mise à jour le 18 février 2021
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Contre les fausses annonces et les prestataires vautours, la CGT met la pression sur Pôle Emploi

Comme chaque année depuis 2016, le comité confédéral CGT des privés d'emploi et précaires réalise un examen détaillé de la qualité des offres d'emploi diffusées par Pôle Emploi. Sans surprise, l'édition 2020 révèle la persistance d'un taux anormalement élevé d'offres abusives, autour de 62 %, que la CGT continue de dénoncer et de combattre.

Face à l'inaction de la direction de Pôle emploi contre le fléau des fausses annonces qui produisent de vraies radiations, la CGT a décidé de passer à la vitesse supérieure. Deux actions « coup de poing » étaient à l'ordre du jour du comité « Chômeurs et précaires », ce mercredi 17 février : la première, en matinée, s'est déroulée au siège parisien de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

En saisissant la DGCCRF, le comité CGT « Chômeurs et précaires » s'est appuyé sur les articles L511-5 du Code de la consommation et L5331-3 et 5331-5 du Code du travail

La deuxième, en après-midi, au siège d'un prestataire emblématique de Pôle Emploi, la société Crésus. « Nous voulons faire cesser le scandale des offres d'emploi abusives et exigeons que la DGCCRF mène une enquête qui constate les infractions commises par les vautours de l'emploi », a fait valoir Pierre Garnodier, secrétaire général du comité CGT « Chômeurs et précaires ».

Saisie par plusieurs élus d'antennes de Pôle Emploi, les services départementaux de la DGCCRF n'avaient jusqu'ici donné aucune suite à ces demandes d'enquête.

Raison pour laquelle la revendication a été aujourd'hui déposée au siège parisien de la DGCCRF, « pour qu'elle prenne acte qu'en pleine crise sanitaire aux conséquences dévastatrices sur l'emploi, d'opportuns arnaqueurs continuent imperturbablement de s'enrichir sur le dos des plus précaires qui, eux, paient le prix fort de ces abus : la radiation pour refus d'une offre raisonnable d'emploi et la suspension de leur allocation », martèle Pierre Garnodier.

La borne du retour à meilleure fortune… selon Borne

Car la persistance des annonces abusives diffusées par Pôle Emploi est tout sauf anodine. En effet, le nombre d'annonces est l'un des critères clés qui, demain, va déterminer l'état de « retour à bonne fortune » du marché de l'emploi et par ricochet, conditionner l'ouverture des droits à l'assurance chômage dans sa version réformée. La ministre du Travail, Élisabeth Borne, l'a récemment rappelé en assurant l'entrée en application de cette réforme pourtant très controversée dès le retour à « meilleure fortune » post-crise sanitaire.

Sauf que voilà : la dernière enquête annuelle de la CGT vient de le démontrer pour la cinquième fois consécutive : 62 %, soit plus de la moitié des annonces diffusées par Pôle Emploi émanant de plateformes externes sont fausses, mensongères ou inexistantes : « Sur 630 000 annonces actuellement affichées, moins de 180 000 correspondent à des emplois réels, on est donc encore très loin de la situation de bonne fortune », ironise Pierre Garnodier.

Une réforme de l'assurance-chômage édulcorée pour la circonstance, mais telle qu'en elle-même

Les vautours de l'emploi, partenaires de Pôle Emploi

Mais qu'à cela ne tienne pour le directeur de Pôle Emploi, Jean Basseres qui, alerté chaque année depuis 2016 par la CGT, n'a jusqu'ici pris aucune mesure concrète afin d'enrayer ce fléau des annonces abusives. À l'exception d'une enquête diligentée en 2017, dont les résultats n'ont bizarrement pas été communiqués aux syndicats.

Inactive contre les « vautours » de l'emploi, la direction de Pôle Emploi n'a en revanche pas chômé sur d'autres fronts. Les missions de contrôle et de traque des chômeurs — soupçonnés d'être responsables de leur situation et pire, d'en tirer profit — n'ont eu cesse de se renforcer, jusqu'à se substituer progressivement aux missions natives des agents, à savoir l'accompagnement vers le retour à l'emploi.

Les agents de Pôle Emploi, rendus au rôle d'aiguilleurs des prestataires

« Nous assistons à un dévoiement de nos missions de service public, lourd de conséquences bien concrètes aussi bien pour les chômeurs que pour les agents », souligne Sylvie Lespagnolle (déléguée syndicale centrale CGT de Pôle emploi Occitanie).

« Plus nous réclamons la ré-humanisation des accueils, plus la dématérialisation de nos tâches s'accélère et plus ce qui fait le sens de nos métiers est aujourd'hui confié à des prestataires externes, souvent douteux, dont nous sommes devenus des simples aiguilleurs », ajoute-t-elle.

Crésus, ou le Koh Lanta des chômeurs en fin de droits

Dernier exemple en date : la mission confiée à la société Crésus, qu'on pourrait qualifier de Koh Lanta pour chômeurs en fin de droits. Le programme consiste à enseigner à des personnes en grande détresse économique et sociale à modifier leur relation à l'argent.

À leur apprendre à mieux gérer un budget de survie entre charges fixes et financement d'un projet d'activité. Cerise sur le cynisme, cette formation à la gestion de la pénurie prendra la forme d'un jeu de rôle « ludique » et « pédagogique ». Grâce à l'outil « Dilemme Éducation » (autre prestataire, sous-traitant de Crésus), l'« atelier » sera l'occasion, pour ces chômeurs extrêmes, d'expérimenter un « concept dynamique » et d'acquérir « des savoirs essentiels sur les produits bancaires et assurantiels ». Sic.

Pôle emploi, la face cachée

Et pour les chômeuses, des ateliers de relooking le 8 mars

« Je suis choquée et outrée que Pôle Emploi puisse confier l'accompagnement des plus fragiles à ce genre de prestataires, c'est du même ordre que les “Ateliers de relooking” destinés aux chômeuses de longue durée qu'un de nos prestataires a eu la bonne idée de lancer l'année dernière, le 8 mars… », s'étrangle Sylvie Lespagnolle.

Pour dénoncer ce dévoiement des missions de service public historiques de Pôle Emploi, le comité CGT a décidé d'un deuxième temps fort de mobilisation : l'envahissement du siège parisien de la société Crésus. Une manière « ludique » et « pédagogique » d'expérimenter un concept « dynamique » de l'action syndicale CGT.

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