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SCÈNE

Coupable indifférence

16 janvier 2015 | Mise à jour le 4 avril 2017
Par | Photo(s) : Lot
Coupable indifférence

Une très bonne adaptation de « L'Etranger » d'Albert Camus se joue au Théâtre 14 qui donne à réfléchir bien après le spectacle. Lors de la plaidoirie, la salle s'éclaire comme pour inciter les spectateurs à devenir les jurés. Moralité, normalité, culpabilité…

Le comédien et metteur en scène belge Benoît Verhaert a adapté pour le théâtre avec Frédéric Topart « L'Etranger » d'Albert Camus. Une adaptation courte, jouée par trois comédiens, dont Benoît Verhaert -qui endosse brillamment tous les rôles masculins- dans une mise en scène simple qui va à l'essentiel du roman.

Meursault se rend à l'enterrement de sa mère dans la banlieue d'Alger, sans état d'âme. Le lendemain, il va à la plage et rencontre Marie, une ancienne collègue de travail. Le soir, ils vont voir un film avec Fernandel et deviennent amants. Quand son voisin Raymond, souteneur, lui demande de rédiger une lettre après avoir battu sa maîtresse, craignant les représailles du frère de cette dernière, Meursault accepte sans se poser de questions.

Par la suite, invité avec Marie par Raymond à passer le dimanche dans un cabanon d'un de ses amis près d'Alger, les voilà suivis par un groupe d'Arabes dont le frère de la maîtresse maltraitée. Une bagarre éclate, Raymond est blessé. Meursault a récupéré son arme et tire sur un des Arabes qui le menace d'un couteau.

Légitime défense ? Non, la chaleur accablante, le soleil qui l'éblouit… Il sera condamné à mort.

Indifférent à tout, rien ne semble atteindre Meursault (joué avec justesse par Stéphane Pirard). Ni la mort de sa mère, ni l'amour de Marie – il est prêt à l'épouser mais l'aime-t-il ? Cela ne veut rien dire pour lui -, ni la brutalité d'un Raymond, ni Dieu, ni la mort d'un homme. Tout glisse sur lui. On aimerait trouver une explication rationnelle à cette absence de sentiment et d'émotion. En vain. Et c'est cette indifférence qui est pointée par le procureur lors du procès, plus coupable de n'avoir pas pleuré à l'enterrement de sa mère que d'avoir tué.

Lors de la plaidoirie, la salle s'éclaire comme pour inciter les spectateurs à devenir les jurés. Moralité, normalité, culpabilité… Un très bon spectacle qui nous taraude de questions bien après la représentation.

 

« L'Etranger » d'après Albert Camus, mis en scène par Benoît Verhaert. Jusqu'au 13 février, du lundi au vendredi à 19 heures. Au Théâtre 14, 20, avenue Marc Sangnier 75014. http://theatre14.fr