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COMMERCE ET SERVICES

Dans la grande distribution, les syndicats dénoncent le recours abusif au chômage partiel

18 novembre 2020 | Mise à jour le 18 novembre 2020
Par | Photo(s) : Philippe LOPEZ / AFP
Dans la grande distribution, les syndicats dénoncent le recours abusif au chômage partiel

La fermeture des rayons dits "non essentiels" sert de prétexte à Carrefour, Auchan et Casino pour recourir massivement au dispositif de chômage partiel

Alors qu’ils n’y avaient pas eu recours lors du premier confinement, les trois géants de la grande distribution ont décidé d’utiliser massivement ce dispositif financé par des fonds publics pour compenser les pertes liées au confinement. Au grand dam des syndicats qui dénoncent abus et fraudes potentiels.

En actionnant le levier du chômage partiel à partir du 12 novembre, les trois principales enseignes de la grande distribution (Carrefour, Auchan, Casino) comptent bénéficier d’une prise en charge par l'État de l’ordre de 84% du montant de chaque salaire concerné.

Rien de vraiment scandaleux en ces temps de deuxième confinement et de restrictions parfois drastiques des activités commerciales. La grande distribution n’est d’ailleurs pas épargnée puisque la fermeture imposée de ses rayons de produits dits « non-essentiels » représenterait 15 à 20 % des ventes, selon le magazine spécialisé LSA.

Du reste, le dispositif du chômage partiel est non seulement légal, mais il est aussi censé limiter la destruction des emplois induite par la crise sanitaire. Pour autant, son recours massif en pleine saison 2 de confinement, par trois grandes enseignes qui ne sont pas guettées par la faillite – bien au contraire – a provoqué une onde de choc chez les principaux syndicats du secteur. Et pour cause.

Abus ou fraude, les syndicats s’interrogent

Certains syndicats y voient une manœuvre politique « revancharde » visant à pousser le gouvernement à hâter la réouverture des catégories commerciales « non-essentielles » mises à l’arrêt durant cette seconde phase de confinement. Pour FO, citée par l’AFP, « On fait payer aux salariés, tant félicités il y a quelques semaines, l’incohérence des décisions gouvernementales » , la CFDT relevant pour sa part « un coût pour les finances publiques et une dépense dont on aurait pu s’exonérer » (Laurent Berger à l’AFP). Pour la CGT Commerce et Services, ce recours massif au chômage partiel – notamment chez Carrefour qui l’applique à 90 000 de ses 110 000 salariés, sans concertation préalable avec les IRP- fleure bon l’abus, voire la fraude.

Une manne financière pour abaisser le coût du travail

« Carrefour a réalisé 760 millions d’euros de bénéfices dont plus de 360 millions d’euros ont été reversés aux actionnaires en 2019. Ajoutons à cela les 755 millions d’euros de CICE perçus ses dernières années ainsi que les excellents résultats du groupe, en croissance de 3.8 % au 3ème trimestre 2020 et jugeons sur pièces de la pertinence de ce recours aux fonds publics pour financer les salaires alors que, par ce truchement, Carrefour profite d’une manne financière pour abaisser le coût du travail » , font valoir plusieurs élus nationaux de la CGT Carrefour France.

Dans cette même veine, la fédération du Commerce et des Services CGT met en exergue, dans son communiqué du 13 novembre, « un choix délibéré de profiter de l'aubaine financière [du chômage partiel, NDLR] pour réaliser des économies substantielles sur le dos des contribuables« . Et de rappeler que les aides de L'État accordées aux entreprises sont financées par les impôts et les cotisations sociales.

L’option négligée de la réaffectation des personnels

« Ce recours massif au chômage partiel parait d'autant plus aberrant que tous les secteurs des magasins souffrent d'un manque de personnel récurrent depuis plusieurs années » , avance pour sa part Sylvie Vachoux, secrétaire fédérale de la CGT commerce et services.

Quoi qu’il en soit du point de vue spécifique des uns et des autres, l’ensemble des syndicats (CGT, FO et CFDT) considère que, dans ce secteur, le recours au chômage partiel ne serait pas entièrement justifié. D’autant moins que « d’autres solutions comme le redéploiement des effectifs affectés aux rayons non-essentiels sur d’autres rayons ou d’autres activités, à l’instar du drive qui explose du fait du confinement, auraient pu et dû être envisagées » , estime ainsi Amar Lahga, secrétaire général de la fédération CGT commerce et services. Tel a d’ailleurs été le choix de Système U qui, en réaffectant ses employés à d’autres lignes de service, n’a pas eu à opter pour le chômage partiel.

La ministre du Travail appelée à vérifier la légitimité des aides de l'État

Dans l’attente d’obtenir des preuves tangibles et chiffrées de la prétendue baisse de l’activité qui, selon la direction de Carrefour, justifierait de placer plus de 70 % de ses effectifs – y compris ceux du siège à raison de deux jours par semaine – en chômage partiel, les syndicats construisent la riposte: recours en justice, saisines des services de l'État, interpellations de la ministre du Travail, Élisabeth Borne, alertes adressées aux médias, mobilisations massives le 27 novembre à l’occasion du fameux « Black Friday »,etc. la question de la pleine légitimité du chômage partiel est désormais posée en place publique. Elle appelle des réponses sans équivoques. Notamment de la part de la ministre Élisabeth Borne, censée servir les intérêt de L'État et vérifier le bien-fondé des demandes de recours au chômage partiel, d’où qu’elles émanent.

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