En effet, écrit-elle, « la mondialisation néolibérale, ses crises systémiques et les déclinaisons de la “société du risque” dont l'urgence climatique constitue un paroxysme, suscitent des ripostes à dimension planétaire qui, sauf exception, mobilisent l'espace public sous des formes souvent inédites avec notamment, au “tournant du siècle”, l'émergence du mouvement altermondialiste. »
En France, rappelle l'auteure, c'est principalement après la première guerre mondiale que se développent les manifestations visant l'État ou une administration. Leur rapport au politique a connu depuis d'importantes évolutions ainsi mises en lumière. Si les manifestations massives de 1995 avaient contraint Alain Juppé à renoncer à sa réforme des retraites et si celles de 2006 amenèrent Dominique De Villepin à abandonner le Contrat première embauche, comment la stratégie de leurs successeurs, pour qui « ce n'est pas la rue qui gouverne », les impacte-t-elle ?
L'historienne étudie comment les manifestations de rue et l'occupation de l'espace se réinventent. Ce qui est le cas à l'échelle mondiale, contre les politiques d'un néolibéralisme en « crise chronique », et en France, des ZAD ou des Nuits Debout aux Gilets jaunes (« mouvement intergénérationnel » rassemblant davantage des « perdants de la mondialisation libérale »), qui se heurtant à une répression massive et violente, obligent à limiter notamment la présence des enfants dans les cortèges, met aussi en cause le rôle des manifestations dans la transmission de l'histoire.
Aujourd’hui, alors que le gouvernement joue « l'usure et la division », l'historienne interroge aussi le rôle que tient et peut tenir le syndicalisme.
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