La négociation est repartie
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C'est peu dire que le contexte de cette négociation est plombé. D'abord parce que le chômage ne parvient pas à baisser et qu'il s'aggrave, même pour les seniors. La durée moyenne de recherche d'emploi s'est allongée et l'on continue à avoir près de la moitié des privés d'emploi non indemnisés. L'Unedic affiche un déficit cumulé de 29 milliards d'euros à la fin 2016, le Medef n'entend pas y consacrer des recettes supplémentaires, conformément à son attitude constante dans les récentes négociations telles que celles sur les retraites complémentaires ARRCO et AGIRC.
Pour sa part, le gouvernement est venu parasiter le dialogue social en dressant la feuille de route des négociateurs qui, rappelons-le, sont d'abord les gestionnaires du régime. Ainsi François Hollande a, dans ses vœux aux « forces vives », appelé à une baisse de la durée d'indemnisation, tandis que le ministre du Budget est allé vendre à Bruxelles la promesse de quelque 800 millions d'euros d'économies et que la ministre du Travail s'est déclarée favorable à la dégressivité des allocations chômage.
Quant à Manuel Valls, il a choisi le forum de Davos pour en appeler à une réforme ambitieuse de l'assurance chômage. Curieuse manière de faire qui consiste à valider par avance les options patronales quitte à reprendre la main au cas où aucun accord ne serait signé.
Pour la CGT, les solutions préconisées ne sont pas acceptables, car elles font payer aux chômeurs les déficits creusés par les politiques sociales des entreprises. C'est ainsi que le recours aux emplois précaires coûte annuellement, selon les services de l'Unedic, 9,3 milliards d'euros et que les ruptures conventionnelles pèsent pour 5 milliards d'euros par an dans le déficit du régime. Pour Éric Aubin, dirigeant de la CGT en charge de la négociation, « si nous devons réaliser des économies, il faut travailler sur ces causes-là ».
Et pour ce faire, la CGT va mettre sur la table une série de propositions visant à combler les déficits et améliorer l'indemnisation tout en assurant le financement de l'assurance chômage. Ainsi, contrairement aux pistes visant à diminuer la durée d'indemnisation, la CGT proposera au contraire de l'augmenter pour tenir compte de l'allongement de la durée de recherche d'emploi, tant pour les jeunes que pour les seniors.
La CGT va aussi proposer une contribution sur les ruptures conventionnelles visant à responsabiliser les entreprises qui trouvent à bon compte dans ce dispositif le moyen de faire des préretraites sur le dos de l'Unedic, de s'exonérer des obligations de plans sociaux, de faire baisser la masse salariale en se séparant des salariés les plus qualifiés et les plus anciens. Elle va notamment proposer d'instituer une surcotisation en trois niveaux pour les salariés de plus de 50, 55 et 60 ans.
La délégation CGT sera aussi porteuse d'une proposition de déplafonnement des cotisations et des allocations. Actuellement les allocations sont limitées à 5 600 euros pour les plus hauts salaires, tandis que ces derniers voient aussi leur cotisation plafonnée à 4 fois le plafond de la Sécurité sociale, ce qui revient à ne plus payer de cotisation Unedic au-delà de 12 000 euros de salaire. Cette mesure aurait un impact limité à 133 000 personnes qui devraient cotiser plus et à 1 200 personnes qui toucheraient plus. Le solde de ce déplafonnement permettrait de faire rentrer plus de 720 millions d'euros dans les caisses.
En conclusion de cet entretien, Éric Aubin assure que « si nous n'arrivons pas à opposer un vrai rapport de forces face au patronat, nous aurons de nouveaux reculs qui amèneront les demandeurs d'emploi à tomber un peu plus dans la pauvreté ». Un scénario que dénoncent d'ailleurs huit associations parmi lesquelles ATD Quart-Monde ou Emmaüs qui se sont exprimées dans un communiqué où elles en appellent à la « responsabilité » des « partenaires sociaux ».
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