20 mars 2015 | Mise à jour le 14 mars 2017
Les 10 et 11 mars 2015, la fédération des services publics CGT et l'Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT (UGFF) organisaient, à la bourse du travail de Bobigny, des journées d'étude sur la réforme des collectivités territoriales et la réforme de l'Etat. Une initiative ambitieuse sur laquelle revient Jean-Marc Canon, secrétaire général de l'UGFF.
NVO. Pour les organisateurs, quels étaient les enjeux de ces journées d'étude?
Jean-Marc Canon : Il y avait deux enjeux principaux. Le premier était de proposer que nous débattions sur le fond des bouleversements sans précédent qui affectent l'organisation territoriale de la République. Marquent-ils la fin de l'Etat décentralisé et le retour de l'Etat centralisateur? Traduisent-ils la volonté d'aller vers un Etat régional préfigurant un Etat fédéral? Ont-ils pour but, ou pour effet, d'amoindrir le rôle de l'Etat, d'offrir de nouveaux débouchés au marché et quelles sont leurs conséquences concrètes pour le service public, les usagers, les personnels? Sur toutes ces questions, qui sont loin d'être exhaustives, nous avons besoin d'une réponse CGT. L'objectif était donc de prendre du temps pour échanger, débattre, croiser les analyses y compris avec des intervenants extérieurs à la CGT.
Le second enjeu était de montrer que deux organisations de la CGT étaient capables de travailler ensemble, de construire ensemble, de proposer ensemble. Bref, que nous pouvions enjamber les frontières, dépasser les cloisonnements pour crédibiliser les analyses, l'action et les propositions de la CGT dans deux versants de la fonction publique qui connaissent de profondes transformations de leurs compétences lesquelles impactent lourdement la vie des citoyens.
L'initiative a-t-elle répondu à vos attentes?
Jean-Marc Canon : Certes, nous aurions pu rêver meilleure participation mais nous savons d'expérience que dégager du temps pour une journée et demie est chose compliquée. Et puis, réunir 170 personnes pour un débat de fond est loin d'être insignifiant. D'autant que la participation aux échanges a été intense – nous avons systématiquement dépassé le temps imparti aux quatre tables rondes – et de grande qualité. Ce qui atteste d'un véritable besoin et, du coup, valide l'initiative. Je crois que les participants sont repartis satisfaits. Satisfaits d'avoir pu prendre le temps de s'exprimer et de confronter leurs analyses sur des questions aussi importantes et complexes que l'organisation des territoires, la conception de l'Etat et le rôle de la puissance publique. Quant à l'ouverture des journées d'étude à des personnalités étrangères – un Belge et un Grec – ou extérieures à la CGT, elle a été très appréciée. L'idée qui domine est que, sur ces questions, le débat est indispensable et que la CGT a tout à gagner à la confrontation d'idées.
Cette initiative aura-t-elle des prolongements?
Jean-Marc Canon : Elle ne restera, à coup sûr, pas sans suite. D'abord parce que nous entendons publier des «actes» de ces journées d'étude. Des actes qui ne soient pas le simple verbatim de toutes les interventions. Nous les concevons plutôt comme des outils, des supports qui permettent de décliner dans les territoires et dans les semaines à venir d'autres initiatives de la CGT. Pour nous, il est très important qu'au-delà de l'analyse nous soyons aussi force de propositions. Nous entendons donc mener ce travail, en lien évidemment avec la confédération, en nous inscrivant dans la réflexion confédérale.
Enfin, ces suites ne sont pas remises à une date indéterminée. Une réunion commune des bureaux de nos deux organisations – qui s'inscrit dans les échanges que nous avons décidé d'avoir trois ou quatre fois par an – est d'ores et déjà prévue le 13 avril prochain. Elle devra arrêter concrètement quelles seront les suites que nous envisageons de donner, d'ici l'été, à cette initiative. Il s'agit, là encore, de montrer clairement notre volonté de poursuivre le travail engagé en commun.