Quel retour à la scène et à l’emploi pour les festivals ?
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Jean-Jacques Vanier : L'Envol du Pingouin est l'épopée d'un homme qui essaie de trouver sa place dans la société, sa place auprès de ses congénères. C'est donc un spectacle très ancré dans la vie de tous les jours, dont le sujet est de montrer comment un homme va réussir à se détacher de tous les boulets qui l'empêchent de vivre librement. C'est un spectacle sur la condition humaine, en fin de compte, sur l'absurde…
J'ai puisé dans mon histoire personnelle, dans mon vécu. C'est un mélange de plusieurs choses.
D'une part, c'est pour fêter la dernière du spectacle (à peu de choses près). Et puis aussi parce que ça fait deux ans que je travaille avec la CGT. À l'origine, la rencontre s'est faite à l'occasion d'un texte que j'ai écrit pour la commémoration des 27 Fusillés de Châteaubriant (en 1941), parmi lesquels figuraient plusieurs membres de la CGT. On s'est rencontrés comme ça… C'est une belle aventure, compliquée et difficile, qu'on a réussi à mener à bien. Le contact est passé, puis est devenu pérenne ; une relation s'est nouée.
Quand j'ai écrit ce spectacle, la question directrice était : « peut-on vivre mieux ? » Je crois qu'on ne peut pas être plus engagé que d'essayer de répondre à cette question. Je ne suis membre d'aucun parti ni syndiqué à la CGT. Mais mon engagement se trouve dans ma manière de « donner », à travers mes spectacles. Derrière le moteur du rire, il y a l'envie d'exposer une vision de la vie et des épreuves que peut traverser l'être humain. Par ce moyen, je voulais apporter ma pierre à l'édifice du « vivre mieux ».
Tchekhov disait qu'il écrivait ses pièces pour montrer aux gens comment ils vivent et après les avoir vues, qu'ils aient envie de vivre mieux. C'est dans cet esprit que j'ai écrit ce spectacle. La vie n'est pas facile, mais on peut vivre mieux.
Oui, sans doute. Avec la CGT, je me retrouve dans les valeurs de fraternité et de justice sociale. C'est quelque chose qu'on peut vivre aussi bien au quotidien que dans un syndicat ou sur une scène, pour un spectacle.
Non, car je pense que c'est une caricature. Ce n'est pas ça, le fond. Le fond, c'est un vrai désir de vivre mieux ensemble.
La CGT m'a proposé d'écrire ce texte. L'écriture, c'est mon moteur – j'ai accepté. Comme je ne connaissais pas l'histoire des fusillés de Châteaubriant, je me suis documenté. J'ai eu envie, alors, d'imaginer les dernières pensées de ces 27 camarades fusillés pour leur engagement et leurs idées. Puis je me suis plongé dans la vie de ces 27 hommes. J'ai lu beaucoup de choses sur eux, afin d'écrire les textes les plus personnels possible, qui collent le plus à leur vie. J'ai beaucoup pleuré en les écrivant. C'était bouleversant parce que tellement injuste et misérable.
Cette journée m'a inspiré un texte, que j'ai envoyé à la CGT : « Les larmes de Lascault ». Il raconte l'importance de l'expression et l'importance de se réapproprier les moyens d'expression. Quand un salarié s'adresse à un syndicat c'est aussi pour cette raison-là : il a besoin d'être représenté, il recherche un moyen d'expression. Je suis persuadé que l'émancipation est d'abord un parcours individuel. Mais je n'oublie pas la dimension : « À deux, poussons la lourde porte » que chantait Jean-Roger Caussimon. L'émancipation des êtres peut se trouver à la croisée des chemins des parcours individuels et des combats collectifs.
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