Le Pompon de monsieur Pont
Jean-Pierre Pont, élu du Pas-de-Calais a rendu publique, le 30 mars sur Twitter, une lettre adressée aux « Syndicalistes français » (sic). Dans ce courrier inédit, il « exhorte vivement » syndicalistes et cheminots à suspendre leur mouvement de grève à la SNCF, car, « dans le contexte dramatique » de l'attentat de Trèbes dans l'Aude, les syndicalistes doivent « faire preuve de sens national en suspendant immédiatement vos projets de grève à répétition ».
Devant la gravité des événements, il y a une hiérarchie à respecter.
Aussi il paraitrait décent que les syndicats fassent preuve de sens national en décidant de surseoir à tout mouvement de grève.#grevesncf @AssembleeNat #boulognesurmer #pasdecalais #LaRem pic.twitter.com/y4BRPm6xBH— Jean-Pierre PONT (@JeanPierrePont) 27 mars 2018
Parce que, « devant la gravité des événements il y a une hiérarchie à respecter.
Aussi il paraitrait décent que les syndicats fassent preuve de sens national en décidant de surseoir à tout mouvement de grève. » #grevesncf @AssembleeNat #boulognesurmer #pasdecalais #LaRem
Dans cette missive, chef d'œuvre de nuance où l'on sent, malgré ses dénégations, sa détestation de la grève, il poursuit : « les jours de grève, dans les rares trains bondés qui circulent, les salariés se rendant à leur travail et les voyageurs risquent malheureusement de constituer des cibles idéales pour les terroristes islamistes ». Avant le livrer le pompon de la pensée Pont : « En cas d'attentat dans les transports », les syndicats et « particulièrement la CGT » prendraient une « responsabilité dangereuse – voire criminelle en maintenant leur mouvement ».
Pour Dominique Sens, secrétaire régional de la CGT Cheminots du Pas-de-Calais, cité par France 3 Nord, ce député « jette de l'huile sur le feu ». Et ce d'autant plus que Jean-Pierre Pont lâche ses boules puantes sur le net sans jamais avoir contacté les syndicalistes CGT directement. « On a été très choqués, et ça a augmenté la colère des collègues », poursuit le responsable syndical.
Sur le compte Twitter de France 3, le député se fait largement étriller par des syndicalistes, mais aussi des salariés, des citoyens.
« Abject, indigne, honteux, ridicule, débile… », les commentaires condamnent sans appel la récupération politique de l'élu. Les syndiqués du CHU de Montpellier, eux, donnent ce conseil médical à Jean-Pierre Pont : « faut prendre vos gouttes ou vous retirer de la vie politique ». D'aucuns demandent « de fermer tous les Super U en raison du risque d'attentat » quand d'autres, moqueurs, estime que la grève devrait au contraire plaire à LREM, « elle va permettre aux bus Macron (…) de prouver leur efficacité ».
Plagiant le style ampoulé, le fond et la forme de la lettre du député, Benjamin Cattiau, cheminot et syndicaliste CGT « exhorte vivement, dans ces circonstances exceptionnelles et compte tenu des risques encourus par nos concitoyens face à votre politique libérale, à prendre vos responsabilités en désavouant le chef de l'État et son gouvernement ».