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JUSTICE

Éric Colin, un syndicaliste traité comme un voyou

24 mars 2015 | Mise à jour le 14 mars 2017
Par | Photo(s) : DR
Éric Colin, un syndicaliste traité comme un voyou

Accusé d'outrage à l'encontre de sa direction, Éric Colin, responsable CGT de la pénitentiaire a été cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de la capitale bourbonnaise.

Devant la préfecture de Moulins (Allier) quelque 600 militants de la CGT sont venus soutenir Éric Colin, responsable syndical CGT pénitentiaire de la région Rhône-Alpes-Auvergne. Injustement accusé d'outrage à l'encontre de sa direction, il se retrouvait cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de la capitale bourbonnaise, mercredi 18 mars. Pour la confédération, Catherine Perret avait, elle aussi, fait le déplacement, assurant Éric du soutien du secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

Les faits dont Eric Colin doit répondre remontent au mois de juin 2013. Ce jour-là, devant la maison d'arrêt de Moulins, les militants CGT organisent un «mouvement» et filtrent les entrées dans le but de dénoncer la réduction des postes de surveillants et pour défendre le service public de la justice. Éric Colin en est et le justifie pleinement car, «contrairement aux promesses faites par l'administration, les départs en retraite et les mutations n'ont pas été compensés par les recrutements nouveaux». Fermée durant près de dix mois pour travaux, la maison d'arrêt se retrouve après restauration avec 30 postes en moins.

Très grand, très mince, vêtu d'un costume sombre, il se dégage de la personnalité d'Éric Colin calme et dignité. Il se dit touché par la mobilisation de ses camarades venus d'Auvergne et des régions alentours, notamment, et serein dans l'attente de son passage devant la présidente du tribunal.

Quand il prend le temps de se confier, il reconnaît les difficultés à vivre avec cette accusation d'outrage et tient à se justifier : «C'est vrai que je me suis mis en colère ce jour de juin lorsque ma directrice m'a annoncé que, malgré nos demandes légitimes, elle ne nous donnerait aucune explication et qu'elle exigeait que nous arrêtions immédiatement notre mouvement. Je lui ai dit de retourner dans son bureau et que ses propos étaient une provocation envers le personnel. C'est tout. Je ne l'ai jamais insultée dans les termes orduriers qu'elle prétend avoir entendu.»

La suite est le lot de nombreux syndicalistes qu'on criminalise. La directrice de la maison d'arrêt accepte une médiation à condition qu'elle soit assortie d'une obligation de soin pour Éric Colin. «On me faisait passer pour un fou, un alcoolique, c'était humiliant et infamant», s'indigne le syndicaliste. Devant son refus, l'administration dépose alors plainte pour outrage.

«Ce n'est pas la première fois que nous nous réunissons dans l'Allier pour soutenir un de nos camarades, déclare Laurent Indrusiak, le secrétaire de l'UD de l'Allier en faisant référence aux cas de deux syndicalistes, Jacky et Jérôme, lors de la bataille des retraites de 2010. Injustement poursuivis Jacky et Jérôme ont naturellement été relaxés. Mais il aura fallu se mobiliser pour ça».

De fait, trop souvent des militants syndicaux sont traînés devant les tribunaux sous différents chefs d'accusation. Des prétextes qui masquent mal la volonté patronale de bâillonner la liberté d'expression syndicale et d'entraver l'action militante. «L'institution judiciaire fait diligence pour poursuivre avec zèle les militants et se montre prudente, indulgente envers le patronat. Cette justice de classe est forte pour les faibles et faible pour les puissants», a encore lancé Laurent Indrusiak sous les applaudissements.

Vers 17 heures, alors que tout le monde s'impatientait devant le Palais de justice, les cris de «relaxe pour Éric» résonnaient à l'intérieur du tribunal. À l'issue d'une brillante plaidoirie, maître Machelon, l'avocat d'Éric Colin, a lui aussi demandé la relaxe pure et simple de son client. Verdict le 29 avril.