A la PJJ, la colère continue de répondre au mépris
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Le montant total que le groupe américain devra débourser en dommages-intérêts pour 832 des salariés partis à la procédure n'était pas immédiatement connu de l'avocat des salariés, Me Fiodor Rilov. Mais la décision du conseil des prud'hommes d'Amiens est exécutoire provisoirement, selon lui.
À l'audience dite de départage du 28 janvier, à laquelle environ 550 personnes avaient assisté, Me Rilov avait insisté sur les bénéfices d'exploitation mondiaux, à l'époque, du groupe Goodyear, d'un montant de 1,7 milliard de dollars.
Il avait considéré cette affaire comme « emblématique du refus des ouvriers de se laisser écraser à l'occasion du démantèlement de leur outil de travail pendant que leur employeur réalise des profits colossaux ».
Spécialisé dans la fabrication de pneus agricoles, le site Goodyear d'Amiens-Nord avait fermé en janvier 2014, après un bras de fer de plus de six ans entre personnel et direction.
L'usine était « déficitaire », « en retard » et le groupe souffrait alors d'un « fort endettement » de 5,2 milliards de dollars, avait fait valoir à cette même audience l'avocat de la direction, Me Joël Grangé, pour justifier la décision de fermeture. Tout en assurant que la direction avait « tout tenté » pour « éviter ce drame ».
Le tribunal, qui statuait en départage, a livré une autre lecture de cette catastrophe sociale, considérant que les licenciements n'avaient pas de « motif économique valable ».
« C'est une énorme victoire, surtout dans la période actuelle d'avalanche des plans sociaux. Elle est emblématique de l'utilité de la lutte pour ne pas se laisser faire face à des multinationales possédant des milliards d'euros de réserve. C'est un jugement extrêmement significatif : on ne peut pas licencier pour faire plus de bénéfices, ce n'est pas légal », a tonné Me Rilov devant le tribunal d'Amiens, où quelques anciens salariés s'étaient retrouvés.
Parmi eux, Évelyne Becker, ex-déléguée CGT : cette « victoire ne permettra pas de redonner du travail à ceux qui sont restés sur le bord de la route et ne rétablira pas les drames sociaux et humains. Je pense notamment aux familles endeuillées à cause de cette catastrophe industrielle », a-t-elle expliqué. Mais elle « nous rend notre dignité face à une multinationale qui nous a méprisés et humiliés. Surtout, elle va nous permettre de passer à autre chose ».
Une allusion au long bras de fer social et judiciaire ayant opposé les deux parties depuis l'annonce en 2007 de la réorganisation des deux sites d'Amiens-nord et d'Amiens-sud en vue d'un complexe industriel unique.
Ce climat de vive tension avait notamment débouché sur un épisode spectaculaire lorsque le directeur des ressources humaines et celui de la production avaient été retenus pendant une trentaine d'heures dans l'usine occupée. Sept salariés ont été définitivement condamnés à de la prison avec sursis en 2018.
À quelque pas des salariés, un porte-parole de l'entreprise a dit que Goodyear prenait « évidemment acte » de cette décision, tout en rappelant que « la fermeture du site était nécessaire pour sauvegarder la compétitivité de l'entreprise » et qu'un « dispositif d'accompagnement très important » avait été mis en place pour les ex-salariés. « Goodyear va étudier le jugement avant de décider d'un éventuel appel », a-t-il également affirmé.
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