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Hôtel Carlton à Cannes : du côté des salariés

23 mai 2024 | Mise à jour le 23 mai 2024
Par | Photo(s) : Houda Benallal
Hôtel Carlton à Cannes  : du côté des salariés

Les salariés majoritairement CGT à l’hôtel Carlton, ont organisé une visite de l’établissement, vendredi 17 mai à Cannes. L’équipe a accueilli Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT livrant au passage, plusieurs témoignages sur les conditions de travail et la lutte menée en 2023. 

Entrer par la porte de service de l’hôtel Carlton à Cannes, c’est entrer par celle franchie quotidiennement par les nombreux salariés qui font vivre cet établissement où le syndicat CGT, est largement majoritaire.  Fermé durant deux ans et demi après d’importants travaux qui ont coûté près de 400 millions d’euros, l’hôtel a rouvert en mars 2023. Construit en 1911 et classé monument historique, il appartient, depuis une dizaine d’années, au groupe qatari Katara Hospitality et est géré par la chaîne Inter-Continental Hotels Group. Neuf mois après une mobilisation inédite qui a permis l'embauche de 70 précaires, une augmentation de salaire de 6%, une prime de 750 euros, la création d’un parc à vélo et le réaménagement de certains espaces de travail, Ange Roniti, secrétaire général du syndicat CGT des hôtels, cafés et restaurants de Cannes, revient sur cette lutte  : « C’était historique. Le PDG du Carlton est ministre au Qatar, il a pris l’avion dès que la menace de grève lui est parvenue. Samedi 12 août, nous avions lancé notre action. Le soir même, toutes nos revendications étaient entendues, le PDG ayant exigé de ses gestionnaires, de calmer le jeu. En 24 heures, c’était réglé ». Un combat d’autant plus exemplaire, que l’ancien directeur a été aussitôt remplacé et que les négociations annuelles obligatoires ont pu aboutir, à nouveau en 2024, à une augmentation de salaire de 4% et à une prime de 500 euros, pour tout le personnel. 

 L’hôtellerie et la restauration attirent de moins en moins de jeunes, même au Carlton (…) pourtant on a besoin de personnel

Bagagerie, nettoyage des chambres, jardinage, cuisine, réception, restauration (etc.), en tout 426 CDI et l’équivalent de 500 temps plein s’activent dans cet hôtel de prestige touché lui aussi, par la crise de recrutement qui affecte le secteur de l’hôtellerie. Réceptionniste de nuit depuis 30 ans et délégué CGT, Zak explique : « L’hôtellerie et la restauration attirent de moins en moins de jeunes, même au Carlton. Les gens ne restent pas, car le travail parait rude, notamment pour un barman qui effectue 30 à 40 km par jour ou au service restauration qui ne ferme jamais. Pourtant on a encore besoin de personnel ». Avec de longs couloirs qui séparent la cuisine de la plonge, les récents travaux effectués au Carlton, n’auront pas permis de réduire la pénibilité qui touche principalement le personnel de la restauration et ce, malgré les alertes du CSE qui avait fourni, pourtant, une expertise en amont. Ange Roniti précise : « On est très vigilants sur ce problème tant qu’il n’est pas résolu. Car, la direction n’a pas voulu nous écouter à l’époque, on l’avait martelé en découvrant les plans. Aujourd’hui, la plonge est à l’autre bout du couloir. Ils ont dit qu’ils allaient trouver une solution et ont loué des robots pour transporter la vaisselle. Mais je ne les ai pas encore vus ».   

Le syndicat veille

Ici, à l'embauche comme sur le déroulé de carrière, le syndicat veille : « Au Carlton, On peut entrer au SMIC ou à 1% de plus et on peut faire une carrière jusqu’à devenir cadre à plus de 3000 euros par mois, voire 10 000 euros en tant que chef cuisinier ». Mais, avec une clientèle très aisée qui s'imagine parfois au-dessus des lois, les femmes de chambres du Carlton peuvent être une cible même si d’importants efforts ont déjà été faits, tempère Zak : « On a obtenu qu’elles soient en binôme systématiquement dans les chambres ». Ne manque, aujourd’hui, que la permission de porter un pantalon à la place de la robe très évasée, obligatoire l’été, pour laquelle le syndicat bataille encore, en prévention.