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Économie

Idée reçue sur le budget: taxer les riches les fait fuir

3 septembre 2025 | Mise à jour le 3 septembre 2025
Par | Photo(s) : AFP / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT
Idée reçue sur le budget: taxer les riches les fait fuir

Une étude du conseil d'analyse économique bat en brèche la théorie prétendument de bon sens défendue par les gouvernements successifs selon laquelle taxer les plus riches les pousserait à s'exiler. 

Quoi qu'il arrive à l'issue du vote de confiance à l'Assemblée nationale le 8 septembre qui selon toute probabilité, devrait déboucher sur la démission du gouvernement Bayrou, la France devra se doter d'un budget pour 2026. Côté recettes, le premier ministre François Bayrou a eu beau marteler que « tout le monde devra participer à l'effort », la mise à contribution des plus riches ne saute pas aux yeux.

Pas de taxe Zucman pour le gouvernement

Le gouvernement a notamment fermé la porte à la mise en place de la taxe Zucman (du nom de l'économiste Gabriel Zucman), qui vise à imposer à hauteur de 2% le patrimoine des 1800 contribuables les plus riches de France, et qui pourrait rapporter entre 15 et 25 milliards d'euros. Les gouvernements successifs sous Macron martelant à l'envi leur théorie prétendument de bon sens selon laquelle taxer les millionnaires les ferait fuir sous des cieux plus cléments. « Vous pensez que si la France toute seule met une taxe sur les patrimoines de plus de 100 millions, les gens vont gentiment rester pour être taxés », s'était ému le président Emmanuel Macron, lorsque la proposition d'une telle taxe avait été adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale en février 2025, puis rejetée par le Sénat en juin 2025.

La fiscalité a peu d'incidence sur l'exil

Une étude du Conseil d'Analyse Economique publiée en juillet 2025 sur la fiscalité du capital et les effets de l'exil fiscal sur l'économie montre au contraire qu'il n'en est rien. Pour ce faire, les auteurs se concentrent sur les 1% les plus riches (380 000 foyers) et s'appuient sur deux vagues de réformes fiscales allant dans un sens opposé. La première en 2012, sous le président François Hollande s'est traduit par un accroissement de la fiscalité sur les ménages les plus aisés, à travers notamment une révision du barème de l'impôt sur le revenu et une augmentation des prélèvements sociaux sur le capital. La deuxième, à partir de 2017 sous Macron adepte de la théorie du ruissellement, se traduit par la suppression de l'Impôt sur la fortune (soit un manque à gagner de 4,5 milliards d'euros) et l'instauration d'un prélèvement forfaitaire unique qui plafonne les impôts sur les placements financiers. Résultat, en 2013, le taux de départ a augmenté entre 0,04 et 0,09 point de pourcentage. Après 2017, le taux de retour se situait entre 0,01 et 0,04 point. Autrement dit, la fiscalité sur les hauts patrimoines n'a que peu d'incidence sur l'expatriation de ces ménages, réputés plus mobiles à l'international. « Une réforme de la fiscalité équivalente à une hausse de 2 milliards de recettes, entrainerait l'expatriation à long terme de 0,06 à 0,6% du top 1% des revenus du capital, tandis qu'une hausse de la taxation du capital de 4 milliards de recettes entrainerait l'expatriation de 0,12 à 1,2% du top 1% », écrivent les auteurs de la note. On est loin d'un exil massif. En outre, ils concluent que l'expatriation, somme toute limitée des plus aisés, détenteurs d'actions d'entreprises, a peu de conséquences sur l'activité économique.

Optimisation fiscale délétère

Les effets les plus préjudiciables sont finalement à rechercher du côté des stratégies d'optimisation fiscale déployées par cette caste. « Le débat public, en se focalisant sur l'exil fiscal, se trompe sans doute de cible. Au-delà de la question de l'expatriation, il nous semble essentiel de recentrer le débat sur les autres marges de réponse des hauts patrimoines à la fiscalité, notamment sur les stratégies d'optimisation pour échapper à l'impôt », selon la note. Prompt à faire la chasse à la fraude du côté des chômeurs, des bénéficiaires de minimas sociaux, les gouvernements successifs sous Macron n'ont jamais eu le courage politique de s'attaquer à ce versant, autrement plus préjudiciable au contrat social.