La fin de quatre ans de présidence Trump
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Tim Beaty : L'impression globale qui restera des années Obama sera positive. Nous avions commencé son mandat dans un climat économique très difficile, juste après le début de la récession. L'économie a mis beaucoup de temps à revenir à la normale. Il aura fallu attendre l'année dernière pour que les salaires commencent enfin à remonter un peu, après une longue période de stagnation.
En termes de syndicalisme, le bilan est plus mitigé. Obama avait un projet de réforme du droit syndical qui aurait facilité la syndicalisation, mais la loi n'est pas passé, car elle n'a pas réuni la majorité qualifiée nécessaire au Congrès.
Le taux de syndicalisation n'a cessé de baisser depuis le milieu des années 1950. À l'époque, il approchait les 35%, aujourd'hui, nous sommes plus proche des 11%. Ce déclin peut s'expliquer, en partie, par les techniques d'intimidation du patronat contre les travailleurs désireux de former un syndicat.
Le système américain est très différent du système français. Il n'y a pas de négociations collective au niveau national, seulement au niveau du site de travail. Les salariés voulant s'organiser doivent réunir une majorité prête à demander leur reconnaissance en tant que syndicat. Si l'employeur découvre la manœuvre avant qu'ils ne soient reconnus, il peut utiliser de nombreuses tactiques dignes de la mafia pour menacer les travailleurs. Le projet d'Obama visait à durcir les sanctions en cas de violations des libertés syndicales et à faciliter l'établissement d'une première négociation collective.
Tim Beaty : Oui, Walmart est un exemple parmi des milliers d'autres. Walmart a même été jusqu'à fermer un magasin entier plutôt que de laisser les salariés y créer un syndicat. Des milliers d'employeurs aux États-Unis font de même. Les salariés ont plus de droits, un meilleur salaire et de meilleures retraites quand ils sont syndicalisés, et ils seraient des millions à rejoindre les syndicats s'ils ne devaient pas faire face à ces campagnes antisyndicales contre les militants.
Quelles formes prennent ces pressions ?
Tim Beaty : Les pressions sont très diverses. Tous les coups sont permis : violences physiques, menaces, intimidations. Une des principales techniques consiste, pour les employeurs manufacturiers, à dire à leurs salariés : « Si vous créez un syndicat, je serais obligé de fermer le site et de délocaliser » au Mexique ou au Canada. C'est très efficace car même si les salariés ne comprennent pas forcément le lien entre les deux, ça leur fait très peur.
Il y a également des menaces à titre individuel. Les managers convoquent des « réunions à audience captive », auxquelles le salarié est tenu de participer, soit en groupe, soit tout seul, car organisées durant son temps de travail. Pendant ces réunions, toutes sortes de menaces sont proférées comme « vous pourriez perdre votre emploi », « votre salaire pourrait être réduit », « vous pourriez perdre certains de vos avantages en nature », « vous pourriez être mutés ou placés sur un autre shift de nuit ». À cela s'ajoute toute une propagande négative sur les syndicats. Ils seraient tout le temps en grève, il faut payer une cotisation. À côté de cela, ils favorisent les salariés hostiles au syndicat.
Tim Beaty : Ça a été une piqûre de rappel. Il ne suffit pas de réussir à faire élire un candidat qui soutient nos valeurs. Il faut continuer à lutter après l'élection pour que les politiciens prennent les bonnes mesures.
Quand Obama a été élu, il disposait d'une majorité à la Chambre des représentants et au Sénat. Alors, on s'est un peu reposé sur nos lauriers en se disant qu'il allait appliquer le programme pour lequel il avait été élu. Mais nous nous sommes rendu compte qu'il ne fallait jamais arrêter de militer et de remettre les thèmes syndicaux au cœur du débat national car, sinon, les employeurs, les conservateurs, eux, pousseront dans l'autre sens.
Tim Beaty : Au niveau national, nous avons décidé de nous prononcer officiellement en faveur d'Hillary Clinton. Nous soutenons également plusieurs candidats aux élections locales, majoritairement des démocrates, car les démocrates sont souvent plus proches de nos problématiques en termes de salaire minimum, de sécurité et santé au travail ou d'assurance santé, mais, dans l'Ohio, par exemple, nous soutenons un candidat républicain aux sénatoriales.
Le discours de Donald Trump, notamment sur les traités de libre-échange, a séduit certains de nos membres. Nous avons engagé un dialogue entre notre direction et notre base pour évoquer ces questions. Au final, le choix était évident, et nous continuons à discuter avec notre base pour leur expliquer notre soutien à Hillary Clinton.
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