Le secteur du tourisme en quête de soutien
La chute du tourisme provoquée par la crise sanitaire frappe de plein fouet Paris et sa région. Après le déconfinement, le retour des visiteurs français et étrangers prendra... Lire la suite
Saint-Alban-d'Hurtières, aux portes de la vallée de la Maurienne, en Savoie. Une petite maison mitoyenne avec une vue imprenable sur le massif enneigé de la Lauzière. Ce cadre de vie, Pierre Scholl n'y renoncerait pour rien au monde. Montreuil, Romainville, Noisy-le-Sec… Elles sont loin les villes de banlieue parisienne où il a eu ses premiers boulots et fait ses premières armes syndicales.
Lycéen, il participe à plusieurs manifestations contre la figure répressive de Pasqua. Devenu animateur, il rejoint les mobilisations contre la « réforme » des retraites de 1995 et se syndique. « Le syndicalisme CGT, c'est une tradition familiale qui remonte à mes parents – élus CGT chez Roussel-Uclaf, absorbé dans les fusions Sanofi Aventis –, et à mon grand-père syndicaliste et résistant ; je me retrouvais dans l'idée de la lutte des classes. Et puis j'étais choqué qu'on nous fasse travailler dix-huit heures par jour en ne nous en payant que deux, sous prétexte que l'animation formait la jeunesse. »
Son parcours sinueux témoigne de plusieurs emplois qu'il qualifie de « passionnants mais toujours précaires ». Alors, en 2005, quand une place se libère aux remontées mécaniques de Courchevel gérées par la Société des Trois-Vallées, il fonce : « Il y avait une meilleure rémunération que celle de prof vacataire et la certitude de retrouver un contrat d'une année sur l'autre. » Cette disposition prévue par la convention collective nationale des remontées mécaniques est le fruit de batailles syndicales et d'un équilibre trouvé avec le patronat de la branche, Domaines Skiables de France.
La Savoie compte 45 000 salariés saisonniers à l'année, mais aussi la moitié des 18 000 salariés saisonniers des remontées mécaniques de France, un secteur où la CGT est majoritaire. D'où la force de la mobilisation contre la « réforme » du chômage imposée par Macron fin 2019. « On a fait une pétition, des tractages aux péages, on s'est battus comme des lions pour imposer le sujet en parallèle de la mobilisation contre la “réforme” des retraites », explique le syndicaliste.
L'action la plus visible a lieu le 15 février 2020 dans plusieurs grandes stations de ski savoyardes, et notamment à Moûtiers, où – à l'appel de la CGT et de FO – près de deux-cents saisonniers distribuent des tracts aux automobilistes en vacances pour les alerter de la précarité assénée par la nouvelle loi.
« Nous avons mis en lumière la “réforme”, mais aussi les saisonniers, tout un pan de la population qui travaille sagement dans l'ombre et qui a une identité culturelle, explique le syndicaliste. Ça a été un moment de reconnaissance pour ces travailleurs, dont beaucoup ne sont pas syndiqués. D'où plein de messages de soutien de salariés de l'hôtellerie-restauration qui, eux, ne pouvaient pas bouger, sous peine de perdre leur job. »
La crise sanitaire a encore aggravé les difficultés de ces travailleurs. Mi-mars 2020, malgré le report de la « réforme » et la prise en charge du chômage partiel par le gouvernement, la fermeture des HCR (hôtels, cafés, restaurants) et des remontées mécaniques plonge les saisonniers de la région dans l'angoisse.
La CGT obtient la garantie de l'activité partielle jusqu'au 15 avril 2020 pour sécuriser la fin de saison. En revanche, le ministère ne répond pas à ses demandes de plancher sur un possible scénario catastrophe à venir. Et l'hiver venu… « On voulait la réouverture des remontées, bien sûr, lâche cet amoureux de la montagne, mais en garantissant les conditions sanitaires des clients et des personnels, or, les retours qu'on avait de l'hôpital étaient alarmants. »
Au-delà des pertes de rémunération, l'angoisse d'une saison sans travail est un choc psychologique, d'autant qu'elle projette l'accélération de la fin du modèle d'exploitation traditionnel de la montagne. Les murmures de l'impératif écologique se sont imposés sur le manteau neigeux. Quid du paradigme économique ?
La question taraude ce syndicaliste, père de famille, pour l'instant débordé par l'urgence de la crise sociale et sanitaire. Voyant le spectre d'une saison blanche s'imposer, la CGT a appelé les stations à « embaucher », malgré la fermeture des remontées mécaniques dès le 26 novembre dernier. Ce qui a permis à bon nombre de saisonniers du secteur de bénéficier du régime d'activité partielle dès le début du mois de décembre 2020.
Pour aider les saisonniers des HCR, dont 40 % se retrouveraient sans contrat et en fin de droits, Pierre Scholl et Antoine Fatiga, responsable régional CGT des travailleurs saisonniers, ont mis en place une messagerie électronique qui a déjà recueilli plusieurs centaines de témoignages (sos.saisonniers@gmail.com).
Âgé de 46 ans, il est agent des remontées mécaniques et DS CGT à Courchevel. Également secrétaire de l'UD de Savoie et représentant CGT au comité de groupe européen de la Compagnie des Alpes, il a été animateur de centres de vacances, éducateur, surveillant en collège, professeur de musique, vacataire puis contractuel.
Son parcours l'a mené de la banlieue parisienne en Savoie, où il vit depuis vingt ans. Avec une constante : sa bagarre contre la précarité.
La chute du tourisme provoquée par la crise sanitaire frappe de plein fouet Paris et sa région. Après le déconfinement, le retour des visiteurs français et étrangers prendra... Lire la suite
Près de 300 salariés étaient mobilisés devant le siège social de TUI, le 8 septembre. Ils protestent contre le PSE qui vise à supprimer 600 postes. Lire la suite