Les entreprises sous emprise de la finance
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Confrontés à la crise budgétaire qui frappa l'Europe à partir de 2010 dans le sillage de la crise financière, les dirigeants européens n'ont eu de cesse de resserrer la vis des dépenses publiques pour rentrer dans les clous de la sacro-sainte règle d'or budgétaire. Résultat : l'investissement européen est en berne, et ce déficit pèse sur l'emploi et la croissance.
En 2014, « les investissements au sein de l'UE ont chuté de 15 % en dessous de leur pic d'avant crise », constate la Confédération européenne des syndicats (CES) dans son bilan social de l'Union européenne 2015. En cause : le manque d'investissements publics, notamment dans les États membres du Sud, touchés de plein fouet par la crise de la dette, mais aussi la frilosité des banques à prêter aux entreprises, ou encore la faiblesse de la demande qui n'encourage pas les entreprises à investir.
Pour rompre ce cercle vicieux, la Commission européenne a donc annoncé en 2015 un plan de 315 milliards d'euros sur trois ans. Si ce montant peut sembler colossal, l'Union européenne n'a mis, en réalité, que 21 milliards sur la table. Les 294 milliards restants provenant d'investisseurs privés rassurés par la garantie que représente la signature de l'UE.
Ces fonds doivent servir à des « investissements stratégiques dans des domaines clés tels que les infrastructures, l'éducation, la recherche et l'innovation » à hauteur de 240 milliards d'euros ainsi qu'au « financement à risque des petites entreprises » pour les 75 milliards restants.
« Le sens est bon, mais les moyens ne sont pas suffisants, explique Frédéric Imbrecht, membre de la commission exécutive confédérale de la CGT, et surtout il y a besoin de mutualiser. »
La CES appelle en effet de longue date à un plan d'investissement massif à l'échelle européenne, mais préconise, depuis des années, de porter son montant à 2 % du PIB européen, soit environ 330 milliards d'euros tous les ans pendant dix ans. À titre de comparaison, après la crise, les États-Unis avaient lancé un « plan Obama » de 789 milliards de dollars (soit 5,5 % du PIB américain de l'époque) et ce… dès 2009.
Dans une étude parue en février, trois économistes de l'OFCE observent que « si le plan Juncker avait été mis en place dès le début de la crise avec la même réactivité que le plan de relance américain, sa taille aurait suffi pour tirer les économies européennes hors de la récession », mais, poursuivent-ils, « l'incapacité [de l'Union européenne, NDLR] à réagir rapidement aux chocs qui frappent l'économie » ne lui ont pas permis de faire face à la crise.
Selon la Commission, le plan Juncker a déjà attribué, en octobre 2017, plus de 240 milliards d'euros d'investissements, soit les trois quarts du montant prévu. Jean-Claude Juncker a également annoncé la prolongation jusqu'en 2020, ainsi que le doublement de son montant.
Reste à voir où iront les investissements du plan Juncker. « Ce n'est pas tout à fait transparent » regrette Denis Meynent, vice-président du Groupe des travailleurs au Comité économique et social européen (CESE), « on a le sentiment d'un dispositif assez technocratique », déplore-t-il alors que les syndicats européens espéraient voir les travailleurs et la société civile participer aux contrôles de ces attributions. Ainsi, il reste difficile d'établir si ces montants ne sont pas venus alimenter un « effet d'aubaine » pour financer des projets qui, de toute façon, étaient déjà en cours d'élaboration.
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