Mégabassines : une répression hors-norme
Le 17 janvier 2023, le tribunal judiciaire de Niort a sévèrement condamné neuf militants et syndicalistes pour leur implication dans le mouvement contre les mégabassines. Un... Lire la suite
Nul ne peut nier aujourd'hui le réchauffement climatique, la raréfaction des ressources naturelles et le recul de la biodiversité. Or ces questions ne peuvent pas être traitées simplement de façon individuelle. S'interroger, à juste titre, sur nos modes de vie ne règlera pas le problème des déchets, des produits à obsolescence programmée ou de ceux qui font trois fois le tour de la planète.
La déconnexion entre les enjeux sociaux et environnementaux permet à de nombreuses multinationales de masquer leurs pratiques polluantes. Pour lutter contre cela, les questions environnementales doivent pouvoir être portées au quotidien dans l'entreprise, à partir du travail, et pas comme une question extérieure. Car l'urgence c'est d'opérer une rupture d'avec un modèle économique fondé sur l'austérité et la rentabilité financière pour en construire un autre à partir du respect de la nature et de l'humain.
Nous sommes partis du principe que les cadres sont très sensibles à cette question, qui les mobilise à trouver un meilleur environnement personnel mais quand ils franchissent les portes de l'entreprise, ils sont priés de laisser leurs convictions au vestiaire. Or l'environnement est un axe central que l'on peut traiter en partant de nos responsabilités professionnelles.
Là, nous avons des leviers concrets pour agir et présenter des solutions concrètes, en rupture avec le «greenwashing» pratiqué par les multinationales : travailler à relocaliser la production, mettre en place une économie circulaire et maîtriser notre consommation d'énergie. Intégrer ces enjeux au quotidien dans nos entreprises nécessite d'obtenir de nouveaux droits. Ainsi, la responsabilité professionnelle doit être réhabilitée et adossée à l'intérêt général, par des droits de refus, d'alerte et de propositions alternatives.
Dans cet esprit, les ingénieurs doivent disposer d'un droit d'alerte technologique. Les salariés doivent aussi pouvoir se réapproprier l'outil de production. Ainsi, les instances représentatives du personnel (IRP) devraient disposer de droits d'information élargis et de pouvoirs supplémentaires pour peser sur les orientations stratégiques de l'ensemble de la chaîne de production. Les salariés doivent également être davantage représentés dans l'ensemble des instances et notamment à 50% dans les conseils d'administration.
Les jeunes aspirent particulièrement à trouver du sens dans leur travail. En agissant pour le climat, nous voulons leur montrer un syndicalisme qui répond à leurs préoccupations, leur permet d'agir et de reprendre la main sur la finalité de leur travail.
Nous sommes en train de construire un outil pour que les salariés puissent évaluer l'impact environnemental de leur entreprise et qu'ils puissent faire ensemble des propositions alternatives. C'est un outil de mobilisation qui va permettre d'élargir le champ des questions à se poser. Et surtout permettre aux cadres et professions intermédiaires de peser sur les choix et les pratiques de leur entreprise. Ce questionnaire, en cours d'expérimentation, sera lancé en grand à l'automne.
Non, ou seulement de façon cosmétique. À juste titre, la question du rôle du comité social et économique (CSE) y est posée. Mais ce n'est qu'un affichage, car il n'est assorti d'aucun droit concret. Ainsi, il n'y a aucun droit d'information ni d'expertise supplémentaire créé pour le CSE, alors que c'est indispensable. Ni d'ailleurs aucun nouveau droit d'alerte. Pourtant, c'est sur ces trois leviers qu'il faudrait agir de façon urgente. Cela résume bien l'état d'esprit du projet de la loi Climat dans son ensemble : des bonnes intentions qui, dans le concret, ne vont rien changer.
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