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ENVIRONNEMENT

La responsabilité environnementale, nouvel enjeu central pour les cadres

6 mai 2021 | Mise à jour le 6 mai 2021
Par | Photo(s) : Thierry Nectoux
La responsabilité environnementale, nouvel enjeu central pour les cadres

Sophie Binet, pilote du Collectif Femmes-Mixité CGT et membre de la direction Confédérale, le 30/01/2018, à Montreuil, France.

Peser sur la question environnementale au sein des entreprises devient un axe prioritaire pour l'Ugict-CGT. Sophie Binet, sa secrétaire générale adjointe, nous livre son analyse.
La CGT des cadres, ingénieurs et techniciens (Ugict-CGT) vient de publier un manifeste pour la responsabilité environnementale. Quelle définition en faites-vous ?

Nul ne peut nier aujourd'hui le réchauffement climatique, la raréfaction des ressources naturelles et le recul de la biodiversité. Or ces questions ne peuvent pas être traitées simplement de façon individuelle. S'interroger, à juste titre, sur nos modes de vie ne règlera pas le problème des déchets, des produits à obsolescence programmée ou de ceux qui font trois fois le tour de la planète.

La déconnexion entre les enjeux sociaux et environnementaux permet à de nombreuses multinationales de masquer leurs pratiques polluantes. Pour lutter contre cela, les questions environnementales doivent pouvoir être portées au quotidien dans l'entreprise, à partir du travail, et pas comme une question extérieure. Car l'urgence c'est d'opérer une rupture d'avec un modèle économique fondé sur l'austérité et la rentabilité financière pour en construire un autre à partir du respect de la nature et de l'humain.

La responsabilité environnementale devient l'un des trois thèmes prioritaires du prochain congrès de l'Ugict qui se tiendra du 23 au 26 novembre à Nantes. En quoi les cadres sont-ils plus concernés ?

Nous sommes partis du principe que les cadres sont très sensibles à cette question, qui les mobilise à trouver un meilleur environnement personnel mais quand ils franchissent les portes de l'entreprise, ils sont priés de laisser leurs convictions au vestiaire. Or l'environnement est un axe central que l'on peut traiter en partant de nos responsabilités professionnelles.

Là, nous avons des leviers concrets pour agir et présenter des solutions concrètes, en rupture avec le «greenwashing» pratiqué par les multinationales : travailler à relocaliser la production, mettre en place une économie circulaire et maîtriser notre consommation d'énergie. Intégrer ces enjeux au quotidien dans nos entreprises nécessite d'obtenir de nouveaux droits. Ainsi, la responsabilité professionnelle doit être réhabilitée et adossée à l'intérêt général, par des droits de refus, d'alerte et de propositions alternatives.

Dans cet esprit, les ingénieurs doivent disposer d'un droit d'alerte technologique. Les salariés doivent aussi pouvoir se réapproprier l'outil de production. Ainsi, les instances représentatives du personnel (IRP) devraient disposer de droits d'information élargis et de pouvoirs supplémentaires pour peser sur les orientations stratégiques de l'ensemble de la chaîne de production. Les salariés doivent également être davantage représentés dans l'ensemble des instances et notamment à 50% dans les conseils d'administration.

Et les jeunes dans tout ça ?

Les jeunes aspirent particulièrement à trouver du sens dans leur travail. En agissant pour le climat, nous voulons leur montrer un syndicalisme qui répond à leurs préoccupations, leur permet d'agir et de reprendre la main sur la finalité de leur travail.

Comment comptez-vous vous y prendre pour imposer de telles avancées à des firmes internationales toutes puissantes qui s'affranchissent largement de toutes ces questions environnementales ?

Nous sommes en train de construire un outil pour que les salariés puissent évaluer l'impact environnemental de leur entreprise et qu'ils puissent faire ensemble des propositions alternatives. C'est un outil de mobilisation qui va permettre d'élargir le champ des questions à se poser. Et surtout permettre aux cadres et professions intermédiaires de peser sur les choix et les pratiques de leur entreprise. Ce questionnaire, en cours d'expérimentation, sera lancé en grand à l'automne.

Le projet de loi Climat qui arrive en discussion à l'Assemblée vous paraît-il intégrer cette préoccupation ?

Non, ou seulement de façon cosmétique. À juste titre, la question du rôle du comité social et économique (CSE) y est posée. Mais ce n'est qu'un affichage, car il n'est assorti d'aucun droit concret. Ainsi, il n'y a aucun droit d'information ni d'expertise supplémentaire créé pour le CSE, alors que c'est indispensable. Ni d'ailleurs aucun nouveau droit d'alerte. Pourtant, c'est sur ces trois leviers qu'il faudrait agir de façon urgente. Cela résume bien l'état d'esprit du projet de la loi Climat dans son ensemble : des bonnes intentions qui, dans le concret, ne vont rien changer.

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