À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
INDUSTRIE

Le monde de demain. 3D, une impression de révolution

7 novembre 2014 | Mise à jour le 18 avril 2017
Par
Le monde de demain. 3D, une impression  de révolution

Cela commence comme de la science-fiction. Comme dans Star Trek où une machine à répliquer permet à l'équipage de réparer son vaisseau spatial. En quelques années, la fiction est devenue réalité et on ne compte plus les domaines conquis par l'impression tridimensionnelle.

De la dentisterie aux prothèses médicales, de l'automobile à l'aéronautique, de l'architecture au design, de la haute couture à la construction, des matériaux de récupération aux alliages les plus pointus, des grands groupes aux particuliers, de la simple copie à la création, du prototypage à la réplique de pièces introuvables, les usages comme les utilisateurs se sont multipliés. Au point qu'on serait bien en peine aujourd'hui de circonscrire le futur d'une technologie qui en rassemble plusieurs.

L'impression 3D, c'est en effet l'ensemble de tous les procédés de fabrication dits additifs à partir de fichier numérique en 3D.

Alors que l'essentiel des fabrications traditionnelles se fait par soustraction de matière, l'imprimante 3D crée un objet en déposant de très fines couches de matière les unes sur les autres. D'où ses avantages : gain de matière, gain d'opérations, gain de poids, gain de temps et, au bout du compte, moindre coût pour un produit qui, parce qu'il comporte moins de pièces, est souvent plus fiable…

On fabrique ainsi des pièces en plastique mais aussi en titane pour l'aviation – Boeing revendique 20 000 pièces imprimées en 3D – et Airbus prétend produire une aile complète d'ici à 2020. Quant à la première automobile imprimée en 3D, l'Urbee, elle en est au stade des essais de terrain…

Autant dire que l'avenir de l'innovation semble assuré. Les prévisions économiques sur le marché de l'impression 3D sont d'ailleurs à l'image de la technologie : prometteuses… mais incertaines.

Quel potentiel ?

Si les études se multiplient, elles sont loin de s'accorder sur le chiffrage de son potentiel de développement. En mars 2013, un rapport de Lux Research prévoyait un marché de 8,4 milliards de dollars à l'horizon 2025. Tandis qu'un autre cabinet américain, Wohlers, évaluait le marché à 10,8 milliards de dollars dès 2021. Canalys, enfin, qui chiffre à 2,5 milliards de dollars en 2013 le CA global du secteur (imprimantes, matériaux, logiciels et tous services associés) table sur un marché de 3,8 milliards de dollars en 2014 et une croissance de plus de 500 % d'ici 2018. Soit un taux de progression annuel de quelque 45,7 % sur cinq ans…

Des bouleversements en perspective

Mais les promesses de l'impression 3D ne sauraient se résumer à un simple taux de croissance fût-il durablement à deux chiffres. Pour beaucoup, les enjeux sont d'une autre nature.

L'impression 3D serait ainsi une technologie de rupture qui pourrait chambouler l'industrie telle que nous la connaissons actuellement et transformer toutes nos habitudes de consommation.

Symptomatique de cette approche, la position de Jeremy Rifkin qui voit dans l'impression 3D un élément structurant de la troisième révolution industrielle, une possibilité d'entrer dans une ère « collaborative » et le signal indubitable du déclin du capitalisme…

L'outil de cette révolution ? Le fab lab, le « laboratoire de fabrication » né en 2005 au MIT de Boston d'un cours à succès du physicien Neil Gershenfeld : « Comment fabriquer (presque) n'importe quoi ». Le fab lab, c'est un centre qui rassemble divers types de matériel de fabrication flexible avec les logiciels en source ouverte qui les accompagnent. Le fab lab, c'est aussi l'accès libre, ouvert à tous, et l'apprentissage non hiérarchisé, « pair à pair ».

Les fab lab

Pour Rifkin, le fab lab est « le laboratoire de recherche-développement du peuple ». Il fait sortir la recherche-développement, l'innovation, des laboratoires élitistes des universités prestigieuses et des firmes mondialisées pour la redistribuer dans les quartiers et les localités, « où, nous dit-il, elle se mue en activité collaborative et en expression puissante du pouvoir latéral pair à pair à pied d'œuvre ». Pour Rifkin, pas de doute : la démocratisation de la production bouleverse radicalement les pratiques de fabrication centralisées héritées de la deuxième révolution industrielle à intégration verticale. Installer des fab labs partout, pour permettre à chacun d'être un « prosommateur » (un producteur consommateur) aura des conséquences révolutionnaires.

Cela finit aussi comme de la science-fiction. Dans une nouvelle publiée en 2006, « Printcrime » (Crime d'impression), Cory Doctorow décrit une société future où un régime autoritaire a interdit les copies de produits matériels par imprimante 3D. Enfermé dix ans pour avoir enfreint la loi, le héros a eu le temps de méditer sur le meilleur moyen de renverser l'ordre établi : imprimer des imprimantes… « Je vais imprimer plus d'imprimantes. Beaucoup plus d'imprimantes. Une pour chacun. Ce projet vaut la peine de risquer la prison. Ce projet vaut tout. » Des fab labs comme arsenaux technologiques où les hackers s'arment des outils nécessaires pour éclipser l'ordre économique existant… Une révolution, on vous dit.