L’enfumage de la communication gouvernementale (1/4)

Dès le lancement de son projet de réforme des retraites, le gouvernement a multiplié les arguments pour justifier ses choix. Jusqu'à vouloir les faire passer pour des avancées sociales. Un mois plus tard, ses éléments de langage ne font plus illusion. Décryptage d'approximations voire de mensonges par omission. Première partie : les comparaisons à l’échelle de l’Europe

« Cette réforme est indispensable quand on se compare en Europe », déclarait le président de la République Emmanuel Macron, le 30 janvier 2023 à La Haye (Pays-Bas).

La principale différence est surtout que les Européens partent en moyenne avant l'âge légal de départ fixé dans leur pays, mais avec une décote. Il en ira donc de même en France suite à la réforme voulue par le gouvernement. En fait, plus que le temps passé au travail, c'est le niveau des pensions qui est au cœur du débat.Certes, les systèmes de retraites sont très différents d'un pays à l'autre et donc difficilement comparables.

Toutefois il y a une constante : à l'exception du Luxembourg, l'âge légal de départ à la retraite est partout plus élevé que l'âge effectif de départ. Car, en réalité, il y a un âge physique limite au-delà duquel il devient difficile de travailler. Ainsi, l'âge effectif de départ à la retraite est en moyenne de 62,5 ans dans l'ensemble de l'UE (Europe à 27).

L'Italie et le Danemark sont les pays où l'âge légal de départ à la retraite est de 67 ans, soit le plus élevé. Cependant, l'âge effectif de départ à la retraite des Italiens est de 62,3 ans et 61,3 ans pour les Italiennes. Et les Danois partent en réalité à 63,8 ans pour les hommes et 63,5ans pour les femmes.

En Belgique où l'âge légal est fixé à 65 ans, les travailleurs partent aux environs 61 ans. Les Espagnols quittent la vie active à 61 ans pour un âge légal fixé à 65 ans, Le Allemands à 63 ans pour un âge légal fixé à 65,8 ans, etc. (source : Fondation Robert Schuman/Eurostat)